Mohammed V محمد الخامس |
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Mohammed V, le 5 décembre 1957 |
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Titre | |
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1er roi du Maroc (20e monarque alaouite) |
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– (3 ans 6 mois et 12 jours) |
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Président du Conseil | Mbarek Bekkai Ahmed Balafrej Abdallah Ibrahim Lui-même |
Prédécesseur | Lui-même (sultan) |
Successeur | Hassan II |
4e président du Conseil du gouvernement marocain | |
– (8 mois et 30 jours) |
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Monarque | Lui-même |
Gouvernement | Mohammed V |
Prédécesseur | Abdallah Ibrahim |
Successeur | Hassan II |
Sultan du Maroc (20e monarque alaouite) |
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– (1 an 8 mois et 29 jours) |
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Président du Conseil | Mbarek Bekkai |
Prédécesseur | Mohammed Ben Arafa |
Successeur | Lui-même (roi) |
– (25 ans 9 mois et 3 jours) |
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Président du Conseil | Mohammed el Mokri (grand vizir) |
Prédécesseur | Moulay Youssef |
Successeur | Mohammed ben Arafa |
Biographie | |
Hymne royal | Hymne chérifien |
Dynastie | alaouite |
Nom de naissance | Mohammed ben Youssef Alaoui |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Fès (Maroc) |
Date de décès | (à 51 ans) |
Lieu de décès | Rabat (Maroc) |
Père | Moulay Youssef |
Mère | Lalla Yaqut |
Conjoint | 1) Lalla Hanila bint Mamoun 2) Lalla Abla bint Tahar 3) Lalla Bahia bint Antar |
Enfant(s) | Première épouse : Princesse Lalla Fatima Zohra Deuxième épouse : Hassan II Princesse Lalla Aicha Princesse Lalla Malika Prince Moulay Abdallah Princesse Lalla Nuzha Troisième épouse : Princesse Lalla Amina |
Héritier | Moulay El-Hassan |
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Monarques du Maroc Présidents du Conseil de gouvernement marocain |
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Sidi Mohammed ben Youssef, né le à Fès et mort le à Rabat, a été sultan (1927-1957), puis roi (1957-1961) du Maroc après l'indépendance en 1956 sous le nom de Mohammed V.
Ce dynaste alaouite soutint à partir de 1944 l'Istiqlal, principal mouvement indépendantiste marocain, et s'opposa à la poursuite de la domination française. En conséquence, il fut déposé par les autorités françaises, dans le cadre du protectorat français au Maroc en vigueur depuis 1912, le , et contraint à l'exil (successivement en Corse puis à Madagascar) jusqu'au .
Il demeure considéré par beaucoup comme le « père de la nation marocaine moderne » (Abb al-Watan al-Maghribi). Il a été décoré de l'ordre des compagnons de la Libération par Charles de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire de la République française.
Il est le plus jeune des quatre fils de Moulay Youssef, sultan du Maroc de 1912 à 1927 sous le protectorat français. À la mort de son père en 1927, un an après la fin de la guerre du Rif, il est choisi par les autorités françaises comme sultan à la place de ses deux frères aînés. Il réussit dès lors à se rendre populaire auprès de la population marocaine.
Le Dahir du 31 octobre 1940 portant application au Maroc du statut des Juifs est prévu pour une mise en application à partir du 1er janvier 1941. Les fonctionnaires juifs perdent leur emploi, et beaucoup se recyclent dans le commerce. Le sultan n'est pas perçu comme étant responsable de ces mesures imposées par Vichy[1]. Un télégramme diplomatique de 1941 présenté à l'Académie du royaume du Maroc en 1985, mentionne des « tensions » entre le sultan et le résident général Charles Noguès à propos du statut des Juifs[2].
Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942, il reçut la Conférence d'Anfa (Casablanca) en 1943, bénéficiant entre autres du soutien du président américain Franklin Delano Roosevelt, et reconnut le CFLN du général de Gaulle.
Il soutient très tôt avec son fils, le prince Moulay Hassan (futur roi Hassan II), les mouvements nationalistes marocains fondés par Mohammed Allal El Fassi pour l'Istiklal 1937 et Bel Hassan El Ouazzani pour le PDI (Parti pour la démocratie et l'indépendance) lesquels réclamaient par le manifeste signé le 11 janvier 1944 l’indépendance du Maroc. Il dénonça aussi la répression française des émeutes à Rabat, Salé, Casablanca, Fès et l’arrestation des chefs nationalistes de l’Istiqlal et du PDI.
Après guerre, les relations diplomatiques ne sont pour autant pas coupées avec la France, comme en témoigne son voyage de 1945, accueilli à Cherbourg par le ministre de la Marine Louis Jacquinot et le préfet Édouard Lebas[3]. En outre, il est le premier souverain accueilli en France depuis la victoire.
En 1947, il alla plus loin dans ses revendications avec le discours de Tanger en 1947 où il réclama l’indépendance, l’union des arabes et l’adhésion du Maroc à la Ligue arabe (fondée en 1945) dont il fit l’apologie insistant sur les liens étroits entre le Maroc et l’ensemble du monde arabe.
Dès lors, les relations se tendirent avec les autorités françaises, notamment avec le nouveau résident général, le général Alphonse Juin qui appliqua des mesures sévères et fit pression sur le sultan pour qu’il désavoue l’Istiqlal et se démarque des revendications nationalistes. La rupture avec la France fut consommée en 1951 et Sidi Mohammed conclut avec les nationalistes le pacte de Tanger pour lutter pour l’indépendance. La nomination d’un nouveau résident général, le général Augustin Guillaume, accentua les dissensions entre Mohammed V et la France. De nouvelles manifestations virèrent à l’émeute au Maroc en 1952, notamment à Casablanca tandis que Sidi Mohammed donnait à la cause marocaine une audience internationale à l’ONU avec le soutien des États-Unis.
En 1953, le général Augustin Guillaume manœuvra alors avec d’autres élites marocaines, notamment le Glaoui, pacha de Marrakech, l’Ouléma de Fès et les tribus berbères et fit déposer Mohammed V pour placer son oncle, Mohammed Ibn Arafa, sur le trône tandis que Sidi Mohammed refusait d’abdiquer. L’arrestation puis la déportation du sultan, d’abord en Corse, puis à Madagascar (à Antsirabé[4] à partir de 1954), eut le contraire de l’effet escompté. Elle souda les Marocains derrière leur sultan et fédéra le mouvement nationaliste derrière Sidi Mohammed. Une vague de violences et d’attentats dans les grandes villes et dans le Rif secoua le Maroc, tandis qu’éclatait dans le même temps la guerre d’Algérie en 1954 et que la même politique déclenchait les mêmes effets en Tunisie contre le Néo-Destour d'Habib Bourguiba.
L’aggravation de la situation en 1955[pas clair] ; les nationalistes marocains bénéficiant de soutien en Libye, en Algérie (avec le FLN) et dans l'Égypte de Nasser (où vivait en exil Abd-el-Krim, ancien leader de la révolte du Rif dans les années 1920) força le gouvernement français à négocier et à rappeler le sultan.
En septembre 1955, le général Georges Catroux le rencontra à Madagascar. Du 2 au , après son retour en France et l’abdication de Mohammed ben Arafa le 1er, Sidi Mohammed signa avec le ministre des Affaires étrangères français, Antoine Pinay, les accords de La Celle Saint-Cloud qui mettaient en place le processus de transition vers l’indépendance. Il pardonna aussi au Glaoui, venu se prosterner à Saint-Germain-en-Laye une semaine après avoir réclamé sa restauration.
Le , il fit son retour au Maroc avec son jeune fils, le prince Moulay El Hassan et fut accueilli triomphalement à Rabat ; c'est dans tout le royaume que l'euphorie gagne la population qui fête le retour du roi avec les drapeaux marocains et des chants patriotiques à la gloire du Maroc, de son peuple et de son roi. Le prenait fin le protectorat français tandis que l’Espagne mettait fin au sien le 7 avril. Le Maroc était indépendant et Sidi Mohammed en avait été le principal artisan.
Il signa dès mai 1956 un traité d’amitié avec la France qui maintint des forces armées au Maroc jusqu’en 1963. Elles aidèrent Sidi Mohammed à réprimer de nombreuses insurrections, notamment dans le sud et le Rif. Il prit dès 1957 le titre de roi du Maroc, pour symboliser l’unité du pays malgré les clivages entre arabes et berbères.
Sur le plan de la politique intérieure, il permit dès son retour le 1er congrès de l'Istiqlal qui forma différents gouvernements sous son règne. Il autorisa la création de syndicats mais les troubles et les grèves le conduisirent à prendre les pleins pouvoirs dans la dernière année de son règne.
Sur le plan diplomatique, il soutient la décolonisation et l’émergence du Tiers-Monde en aidant le FLN algérien pendant la guerre d’Algérie puis en soutenant Patrice Lumumba et le Mouvement national congolais lors de l’indépendance du Congo belge en 1960.
Le 26 février 1961, le roi fut endormi par anesthésie générale au sein de la clinique médicale de son palais, à Rabat, pour subir une banale intervention chirurgicale sur la cloison nasale réalisée par un chirurgien vaudois : il ne s'en réveilla jamais et décéda des suites de l'opération[5]. Son fils lui succéda huit jours plus tard sous le nom d'Hassan II.
Dès l'accession de Mohammed V au trône, les Juifs ressentirent qu'un changement radical allait s'instaurer entre les Juifs et leur souverain.
Le nouveau sultan, qui monta sur le trône en 1927, fut exactement à l'opposé de ce qu'attendaient les Français. Ils voulaient un sultan docile, ils trouvèrent en lui un nationaliste qui peu à peu s'imposa comme leader de la lutte pour l'indépendance, et en ce qui concerne les Juifs, il fit systématiquement obstruction aux mesures antisémites que le gouvernement de Vichy voulut imposer aux Juifs du Maroc. À chaque nouvelle loi vichyste, le souverain prenait, jusqu'à l'affrontement avec le Résident général, une défense farouche des Juifs en ayant soin de rappeler à chaque fois que Juifs et musulmans étaient également ses sujets et qu'il ne souffrirait aucune discrimination entre ses enfants.
Les Juifs exprimaient leur vénération à un souverain, en qui ils trouvaient toujours secours et consolation, par des chansonnettes : « Et que Dieu glorifie notre seigneur le sultan, le digne petit-fils de Moulay El Hassan. Qu'il vive toujours dans la loyauté, lui et les membres de sa famille ». C'était pour faire écho à ce qu'avait dit Sidi Mohammed, lors de la fête du Trône en 1944, en s'adressant aux Juifs : « Tout comme les musulmans, vous êtes mes sujets et comme tels, je vous protège et vous aime, croyez bien que vous trouverez toujours en moi l'aide dont vous avez besoin. Les musulmans sont et ont toujours été vos frères et vos amis ».
Sur son lit de mort, Mohammed V aurait fait promettre à son fils (futur Hassan II) de veiller « au salut de la communauté juive »[6].
Le jour de la disparition du souverain, les Juifs ressentirent une grande peine et sortirent dans la rue pour le pleurer et partager le deuil de leurs frères musulmans. Le grand rabbin de Sefrou, David Obadia prononça alors cet éloge funèbre : « Éternel, notre Dieu, et celui de nos pères [...] dans ta compassion, Toi qui pardonnes et qui consoles, accueille avec faveur l'âme de notre roi Mohammed le Cinquième. Toi, ô Seigneur, prends-le en pitié, pardonne-lui, prends-le sous Tes ailes, place-le au milieu des âmes pures des Justes des Nations, sous les portails de ta miséricorde. Qu'il repose en paix. Qu'il en soit ainsi. Amen ».
Le , Lucien Saint, résident général du Maroc à cette époque, invita le sultan du Maroc, Sidi Mohammed ben Youssef (futur Mohammed V) alors âgé de 19 ans, qui, en villégiature à Luchon, en compagnie de son grand vizir et de son interprète, furent reçus très cérémonieusement à la mairie de Marignac. Ils ont apposé, tous trois, leur signature en caractères arabes dans le registre des délibérations[réf. nécessaire].