Grégoire XVI | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Bartolomeo Alberto Cappellari | |||||||
Naissance | Belluno, République de Venise |
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Ordre religieux | ordre de Saint-Benoît | |||||||
Décès | (à 80 ans) Rome, États pontificaux |
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Pape de l’Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | (65 ans) | |||||||
Intronisation | ||||||||
Fin du pontificat | 1er juin 1846 (15 ans, 3 mois et 30 jours) |
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Bartolomeo Alberto (en religion Mauro) Cappellari, né à Belluno, ville du nord de la république de Venise, le et décédé à Rome le 1er juin 1846, est un moine prêtre et abbé camaldule élu pape sous le nom de Grégoire XVI (en latin Gregorius XVI, en italien Gregorio XVI), successeur de Pie VIII.
Élu pape le , il est ordonné évêque de Rome et intronisé le 6 du même mois. Il a défendu les États pontificaux contre les attaques des mouvements révolutionnaires, et est à l'origine d'une relance de l'engagement missionnaire outre-mer.
Bartolomeo Alberto Cappellari, futur Grégoire XVI, naquit le 18 septembre 1765 à Mussoi, devenu actuellement un faubourg de Belluno, dans la maison de campagne de sa famille. Ses parents Giovanni Battista Cappellari et Giulia Cesa, appartenaient tous deux à la petite noblesse[1] et étaient enfants de notaires d'une famille originaire de Pesariis.
À Mussoi, petit village de basse montagne de la haute Venetie, existe toujours la maison de campagne de ses parents. Il se découvre une vocation religieuse à l’âge de 18 ans et entre, en 1783, au monastère camaldule de saint Michel de Murano. En 1786, il prononce ses vœux monastiques et prend le nom de 'Frère Maur' (Fra Mauro, d'après un célèbre moine camaldule et cartographe du XVe siècle). Il reçoit l’année suivante l'ordination diaconale et sacerdotale. Se consacrant à l’étude de la philosophie et de la théologie, il s’occupe également de l’instruction des novices.
Envoyé à Rome en 1795, il réside au monastère Saint-Grégoire (San Gregorio) et en devient l’abbé en 1805.
C'est pendant cette période ébranlée par la Révolution française, qu’il publie son ouvrage Le Triomphe de la sainte Église dans lequel il défend l'idée de l’infaillibilité pontificale contre les jansénistes italiens, et la souveraineté du pape sur les États pontificaux. Il s’oppose aussi aux efforts maçonniques visant à contrer l’influence de l’Église et dénonce un complot pour affaiblir la papauté.
Devenant autrichienne puis française, la République de Venise disparaît dans la tourmente des guerres révolutionnaires, à l'instar des États pontificaux. L’exil du pape Pie VII à Savone, en 1808, interrompt son séjour romain. Il quitte Rome et retourne à Murano puis, en 1813, s'installe à Padoue. Le retour triomphal du pape Pie VII à Rome en 1814 lui permet de réintégrer le monastère Saint-Grégoire.
Il refuse à deux reprises une nomination épiscopale. Cependant, le 21 mars 1825, le pape Léon XII le crée cardinal in pectore, création qu'il publie le 13 mars 1826, et lui confie la charge de Préfet de la Congrégation de la Propagation de la Foi. À ce titre, il négocie en 1827 avec succès un concordat avec le roi calviniste Guillaume Ier des Pays-Bas régissant les relations entre son royaume et l'Église catholique, principalement présente dans les provinces du Sud, la future Belgique.
La situation de l’Église d’Arménie s’améliore également grâce à la signature d’un accord similaire conclu entre le Saint-Siège et l’Empire ottoman.
Au début de 1831, suite au décès du pape Pie VIII et au terme d'un conclave de 74 jours, le cardinal Bartoloméo Capellari est élu pape. Il prend le nom de Grégoire XVI.
Élu pape le 2 février 1831, le moine et cardinal n'est cependant pas évêque: le dernier cas d'élection pontificale d'un ecclésiastique qui n'a pas la dignité épiscopale. Il fut consacré évêque de Rome le 6 février 1831, dans la basilique patriarcale du Vatican, par le cardinal Pacca, évêque d'Ostie et de Velletri, doyen du Sacré-Collège des cardinaux, assisté de deux autres cardinaux-évêques. Il fut intronisé le même jour par le cardinal Albani.
En 1831, l'année suivant la révolution française dite des Trois Glorieuses et l'avénement du libéral Louis-Philippe Ier en tant que roi des Français, Grégoire XVI reçoit à Rome les rédacteurs du quotidien français l'Avenir : Félicité de Lamennais, Henri Lacordaire et Charles de Montalembert, les « pèlerins de la liberté » mais il doit condamner, le 15 août 1832, leurs thèses du catholicisme libéral par l’encyclique Mirari vos, dans laquelle il précise que :
« On entend retentir les académies et les universités d’opinions nouvelles et monstrueuses ; ce n’est plus en secret ni sourdement qu’elles attaquent la foi catholique ; c’est une guerre horrible et impie qu’elles lui déclarent publiquement et à découvert. Or dès que les leçons et les examens des maîtres pervertissent ainsi la jeunesse, les désastres de la religion prennent un accroissement immense, et la plus effrayante immoralité gagne et s’étend. Aussi, une fois rejetés les liens sacrés de la religion, qui seuls conservent les royaumes et maintiennent la force et la vigueur de l’autorité, on voit l’ordre public disparaître, l’autorité malade, et toute puissance légitime menacée d’une révolution toujours plus prochaine. (…)
Le but de vos efforts et l’objet de votre vigilance continuelle, doit donc être de garder le dépôt de la foi au milieu de cette vaste conspiration d’hommes impies que nous voyons, avec la plus vive douleur, formée pour le dissiper et le perdre. Que tous s’en souviennent : le jugement sur la saine doctrine dont on doit nourrir le peuple, le gouvernement et l’administration de l’Église entière appartiennent au Pontife romain, "à qui a été confié, par Notre-Seigneur Jésus-Christ", comme l’ont si clairement déclaré les Pères du concile de Florence, "le plein pouvoir de paître, de régir et de gouverner l’Église universelle" » (…)
Nous frémissons, vénérables frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou plutôt de quels prodiges d’erreurs nous sommes accablés ; erreurs disséminées au loin et de tous côtés par une multitude immense de livres, de brochures, et d’autres écrits, petits il est vrai en volume, mais énormes en perversité, d’où sort la malédiction qui couvre la face de la terre et fait couler nos larmes. Il est cependant, ô douleur ! des hommes emportés par un tel excès d’impudence, qu’ils ne craignent pas de soutenir opiniâtrement que le déluge d’erreurs qui découle de là est assez abondamment compensé par la publication de quelque livre imprimé pour défendre, au milieu de cet amas d’iniquités, la vérité et la religion. Mais c’est un crime assurément, et un crime réprouvé par toute espèce de droit, de commettre de dessein prémédité un mal certain et très grand, dans l’espérance que peut-être il en résultera quelque bien ; et quel homme sensé osera jamais dire qu’il est permis de répandre des poisons, de les vendre publiquement, de les colporter, bien plus, de les prendre avec avidité, sous prétexte qu’il existe quelque remède qui a parfois arraché à la mort ceux qui s’en sont servis ? »
Un nouveau texte, Singulari nos, critique deux ans plus tard les idées libérales de Lamennais.
Cette opposition de principe au Modernisme s’illustre également en Allemagne avec la publication de la lettre apostolique Dum acerbissima le 26 septembre 1835.
Dès son élection, Grégoire XVI doit faire face à de graves problèmes politiques. Son secrétaire d’État, le cardinal Bernetti, ne parvient pas à étouffer l’insurrection libérale qui éclate dans les États de l’Église et est remplacé par le cardinal Lambruschini, plus autoritaire. La souveraineté temporelle du pape sur les régions qui entourent Rome est d’ailleurs remise en cause par les "patriotes révolutionnaires". Le souverain pontife se décide alors à demander l’aide autrichienne. Après une violente répression, l’ordre est bientôt rétabli au début du mois d’avril 1831.
Cependant les puissances européennes décident d’une réforme de l’administration des États de l’Église, qui se traduit par une simplification des institutions judiciaires.
Grégoire XVI refuse de démocratiser l’élection des conseils ayant autorité sur le gouvernement des communes et des États ; il s’oppose également à la création d’un conseil d’élus laïcs dont le pouvoir rivaliserait avec celui du Sacré Collège placé directement sous son autorité. Ces réformes décisives n’interviendront que quelques années plus tard avec le pontificat de son successeur Pie IX.
Les troubles reprennent à Césène puis à Bologne. Une nouvelle intervention des autrichiens en Romagne est donc nécessaire. L’année suivante, quelques détachements français occupent également les États de l’Église jusqu’au départ définitif des Autrichiens en 1838.
Le développement des mouvements libéraux dans l’Europe issue du Congrès de Vienne et les révolutions de 1830 contraignent bientôt le Saint Siège à prendre position. Grégoire XVI publie en août 1831 l’encyclique Sollicitudo ecclesiarum dans laquelle il réaffirme l’indépendance de l’Église et son refus de s’immiscer dans les affaires dynastiques.
Sous son pontificat, Grégoire XVI choisit de lutter dans les différents États européens afin de préserver les prérogatives de l’Église catholique :
Un important effort missionnaire est constaté sous le pontificat de Grégoire XVI. Le pape relance ainsi la Propagation de la foi à partir de 1840.
Cette volonté s'accompagne d'intolérance : ainsi, la même année 1840, dans l'Affaire Montel, le pape cautionne d'abord l'enlèvement d'un enfant juif qui aurait été baptisé à l'insu de ses parents français par une habitante de Fiumicino. S'il accepte finalement de le libérer, c'est pour le remettre à un diplomate français, et exiger du gouvernement de Louis-Philippe que l'enfant soit élevé dans la religion catholique[2].
Des missionnaires sont envoyés auprès des Indiens d’Amérique du Nord tandis que de nouveaux diocèses sont créés aux États-Unis. Sur le continent asiatique, la Chine et l’Inde mobilisent l’attention des congrégations. En Océanie, la prise de possession des archipels polynésiens par les puissances européennes favorisent l’élan missionnaire. Le continent africain, notamment l’Abyssinie, est également l’objet de l’intérêt du souverain pontife.
Grégoire XVI est un des papes qui demandera avec force l’abolition de l’esclavage. (Constitution In supremo apostolatus fastigio du 3 décembre 1839, voir Denzinguer 2745).
« Nous avertissons tous les fidèles chrétiens, de toute condition, et Nous les conjurons instamment dans le Seigneur : que personne désormais n'ait l’audace de tourmenter injustement des Indiens, des Nègres et d'autres hommes de cette sorte, de les dépouiller de leurs biens ou de les réduire en esclavage, ou d’en aider ou d'en soutenir d’autres qui commettent de tels actes à leur égard, ou de pratiquer ce trafic inhumain par lequel des Nègres, qui ont été réduits en esclavage d’une manière ou d'une autre, comme s’ils n'étaient pas des hommes mais de purs et simples animaux, sont achetés et vendus sans aucune distinction en opposition aux commandements de la justice et de l’humanité, et condamnés parfois à endurer les travaux parfois les plus durs… »
Peu populaire auprès de ses sujets, Grégoire XVI entreprend en août 1841 un voyage dans les États de l’Église. Sa politique engendre cependant des émeutes en Romagne et en Ombrie en 1843 puis dans la ville de Rimini en septembre 1845.
Il meurt à la suite d'une crise d’érésipèle, à Rome le 1er juin 1846.