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Principality of Transylvania (1571-1711)
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Principauté de Transylvanie

XIe siècle – 1711

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après

La Principauté de Transylvanie au XVIIe siècle.

Informations générales
Statut Principauté
Démographie
Population Roumains, Magyars, Roms, Allemands, Sicules
Histoire et événements
XIe siècle vassale du royaume médiéval de Hongrie
1224 invasion des Tatars
1438 Unio Trium Nationum
1541 vassale de l’Empire ottoman
1690 archiduché de l’Empire d’Autriche
1867 directement rattachée à la Hongrie

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La principauté de Transylvanie (en roumain : Ardeal et Transilvania, en hongrois : Erdély et en allemand : Siebenbürgen) s'est développée au Moyen Âge comme voïvodat autonome dans l'obédience du royaume de Hongrie jusqu'en 1526, comme principauté quasi indépendante mais vassale de l'Empire ottoman jusqu'en 1699, puis comme archiduché dans le giron de l'Empire d'Autriche jusqu'en 1867 lorsqu'elle fut réunie à la Hongrie dans le cadre de l'Autriche-Hongrie. Le territoire de la principauté de Transylvanie a varié dans le temps : son cœur historique correspond à une région située au cœur de la Transylvanie actuelle, en Roumanie.

Avant la Principauté[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Histoire de la Transylvanie, Dacie et Honfoglalás.

Histoire de la principauté de Transylvanie[modifier | modifier le code]

Le voïvodat vassal de la couronne hongroise (XIeXVe siècle)[modifier | modifier le code]

Levées de terre de Transylvanie du Xe au XIIe siècles considérées par I.M. Țiplic [1] comme marquant les frontières orientales successives de la Hongrie.

À partir du XIe siècle, les Magyars, peuple parlant une langue du groupe finno-ougrien venu du nord de la Mer Noire (pays d'Etelköz) et installés à la place des Avars au centre du bassin danubien, étendent progressivement leur emprise jusqu'aux chaîne des Carpates, y compris sur les montagnes de l'Est (massif du Bihor), puis sur ce qui devient alors la Transylvanie (Erdély en hongrois, littéralement : « pays au-delà des forêts »). Ils évincent les Bulgares de ces régions et soumettent les populations locales majoritairement slaves et valaques[2] Le slavon bulgare reste néanmoins la langue officielle de la noblesse et de l'église (orthodoxe) de Transylvanie, qui relève de l'éparchie de Turnu-Severin, elle-même rattachée par périodes aux patriarcats orthodoxe d'Ohrid, de Peć ou directement de Constantinople (voir histoire de l'église orthodoxe en Roumanie). Lors du schisme de 1054 les Magyars, appelés « Hongres » ou « Hongrois » par confusion avec leurs alliés Onoghours, adoptent majoritairement la forme catholique du christianisme : l'évêché catholique d'Alba Iulia est fondé au XIe siècle, pour contrer l'orthodoxie de la population. Par alliances, par mariages ou par la force, les « canesats » sont intégrés au système féodal hongrois : certains deviennent des banats, d'autres sont rattachés aux comtés (megye) hongrois, d'autres encore sont organisés en voïvodats comme la Marmatie et la Transylvanie. La noblesse slave ou roumaine est progressivement magyarisée, notamment par passage au catholicisme.

Outre les Magyars, les nouveaux seigneurs Hongrois sédentarisent dans la partie orientale de la Transylvanie, le long des Carpates orientales, des mercenaires, les Sicules (en hongrois székelyek, en roumain secui, en allemand Szekler), colons aux origines incertaines (finno-ougriennes ? turques ? mongoles ?). Ce peuple d'hommes libres de langue hongroise devient lui aussi catholique, et prend en charge la garde des frontières.

Du XIe au début du XVIe siècle, la Transylvanie est une principauté dotée de ses propres institutions et lois, autonome par rapport au royaume de Hongrie mais vassale de celui-ci. Le prince régnant, portant le titre de voïvode de Transylvanie, élu par la diète du voïvodat, n'est pas nommé par le roi de Hongrie, mais est un membre de droit de la haute noblesse hongroise. Le prince le plus connu est Jean Huniade (en roumain : Iancu de Hunedoara, en hongrois : Hunyadi János) (d'origine roumaine par son père), vainqueur de la bataille de Belgrade (Nándorfehérvár) en 1456, contre les Ottomans, et père du roi Matthias Ier de Hongrie (en hongrois Hunyadi Mátyás, en roumain Matei Corvin).

Après l'invasion tatare de 1223, les rois de Hongrie étendent en Transylvanie le système des comitats (vármegye en hongrois, megieşuri en roumain) et, pour développer les mines, font appel à des colons allemands (appelés Saxons, même s'ils ne viennent pas tous de Saxe : environ 10 % étaient de parler une langue néo-latine, Wallons et Lorrains, comme en témoignent les appellations « wallen »). Leurs privilèges et droits sont consignés en 1224 dans le diplôme « Andreanum »). Ils s'installent sur des terres royales (« Fundus Regius ») où selon la légende ils fondent sept cités (d'où le nom allemand de Siebenbürgen de la Transylvanie). Ils consolident leurs privilèges, qui seront abolis en 1867, en même temps que la Principauté de Transylvanie qui fut alors rattachée au Royaume de Hongrie, au sein de la double monarchie austro-hongroise.

Église valaque rurale en bois à Ieud.
Église saxonne urbaine en pierre à Sibiu (en allemand Hermannstadt).

Jusqu'en 1366, la Transylvanie a connu une organisation politique où, outre l'aristocratie magyare, les Saxons, les Sicules et les Valaques (Roumains) étaient représentés à la Diète (Universis nobilibus, Saxonibus, Syculis et Olachis). Ils formaient ensemble un Tiers état (congregatio generalis) pouvant proposer et voter des règlements, et être délégués pour prendre des mesures exécutives concernant l'ordre public, les relations entre groupes ethniques et confréries professionnelles, voire les questions militaires. Les « canesats » valaques de Transylvanie avaient initialement été organisés en vlachfölds : communautés territoriales nommées par eux « țări » (du latin : terra). Les historiens roumains les définissent comme des « Romanies populaires » ou « Valachies ». À mesure que l'aristocratie roumaine (les boyards), sommée de renoncer à l'orthodoxie ou de partir, se magyarisait ou quittait le pays vers la Valachie et la Moldavie au-delà des Carpates, les țări transylvaines furent tour à tour intégrées aux comitats hongrois et aux fiefs saxons, durant les XIIIe et XIVe siècles[3]:

Il y avait également des « vlachfölds » hors de la principauté de Transylvanie proprement dite, en Hongrie orientale (« Partium ») :

Țara Maramureșului (pays du Maramureș, d'où sont partis les voïvodes fondateurs de la Moldavie) ;
Țara Bihorului (pays du Bihor) dit aussi Țara Crișurilor (pays des Criș) ;
Țara Zărandului (pays du Zărand).

Mais en 1366, par l'Édit de Turda, le roi Louis Ier de Hongrie redéfinit l'accessibilité à la congregatio generalis et à la Diète, désormais conditionnée par l'appartenance à l'Église catholique romaine. Bien que l'édit ne le mentionne pas ouvertement, cela en exclut la majorité orthodoxe, c'est-à-dire la majorité des Transylvains. La noblesse roumaine doit se convertir (et se magyariser) ou s'exiler (en Moldavie et Valachie), et la fin des « țări » ou « vlachfölds » abandonnés par cette noblesse, place les Valaques orthodoxes en situation de servage, de soumission. Après les jacqueries de Bobâlna en 1437 le raidissement des Ordres et des privilégiés aboutit en 1438 à la constitution de l’« Unio Trium Nationum », qui fige la société transylvaine dans un ordre social foncièrement inégalitaire que la jacquerie de Gheorghe Doja/Dózsa György en 1514 ne parvient pas à ébranler, et qui perdurera jusqu'au XVIIIe siècle et à la Révolution transylvaine de 1784. Dans cet ordre social, seuls les catholiques (Hongrois, Sicules et Saxons) sont reconnus comme « nations » par l'« Unio Trium Nationum ».

La principauté vassale de l’Empire ottoman (XVIeXVIIe siècle)[modifier | modifier le code]

Le prince de Transylvanie Gabriel Bethlen (en hongrois Bethlen Gábor) en 1620
Fortifications de Sibiu
La principauté de Transylvanie entre 1606 et 1660.

L’irruption des turcs ottomans dans le bassin danubien et le désastre hongrois de Mohács (1526), provoquent la désintégration de la Hongrie médiévale, après près de dix ans de lutte contre les turcs et de batailles dynastiques entre les Zapolya, les Jagellon et les Habsbourg pour le trône de Hongrie. Tandis que la Hongrie centrale devient un pachalik ottoman en 1541 (Hongrie ottomane), les Habsbourg d’Autriche s’emparent de la Hongrie occidentale et de la Hongrie du Nord (en partie l’actuelle Slovaquie), dite Hongrie royale, tandis que la Transylvanie est donnée à Jean Ier Zapolya par la paix de Nagyvárad, en 1538. Mais deux ans plus tard, le roi meurt, laisse un trône convoité par le Saint-Empire entre les mains de son fils Jean II de Hongrie, qu’on s’empresse d’élire roi, sous régence de sa femme Isabelle et de son conseiller Giorgio Martinuzzi.

Soliman n'abandonne pas ses ambitions de conquête : quinze ans après Mohács il renvoie ses armées en Hongrie, qui pénètrent jusqu’à Buda, sans pour autant manifester de volonté de gouverner par lui-même : il souhaite laisser la Transylvanie jusqu’au fleuve Tisza à Jean II, contre 10 000 florints d’impôt par an. Le Parlement transylvain accepte ces conditions et élève Jean-Sigismond au titre de prince de Transylvanie, retirant ainsi tout droit aux Habsbourg. Bien que nominalement, le statut de Voïvodat soit maintenu, on parle dès lors non plus de voïvodat, mais de « principauté de Transylvanie », la différence étant que voïvode est un office, tandis que prince est un titre de noblesse, et c'est bien ce que seront désormais ses souverains. La Transylvanie voit alors son territoire agrandi, incluant la Marmatie, l’Est de la Hongrie et de l’actuelle Slovaquie (Partium).

Article connexe : Partium.

Cependant en 1546, le sultan demande la remise de deux châteaux se trouvant à l’ouest de la Transylvanie, et Martinuzzi (György Fráter en hongrois), concluant à la volonté toujours vive de conquête Sultan ottoman, entre en négociations avec le souverain de la Hongrie royale, le roi Ferdinand Ier de Habsbourg – futur empereur Ferdinand Ier du Saint-Empire – ce qui aboutit en 1549 à la convention de Nyirbator, reconnaissant les droits de Ferdinand sur la Transylvanie en échange de la sécurité de celle-ci. En apprenant les clauses de ce traité secret, la reine mère se rapproche du Sultan et lui dénonce le « traître moine », demandant en échange la sécurité de son fils et son accession au trône de « roi de la Transylvanie ».

Mais la Transylvanie ne deviendra pas un royaume : une guerre se déclenche et la reine mère perd face aux armées des Habsbourgs. Elle se voit obligée de démissionner avec son fils. Ferdinand réunit donc une grande partie de la Hongrie, et le voïvodat de Transylvanie devient une principauté indépendante avec à sa tête Martinuzzi nommé prince par Ferdinand, la guerre avec les turcs étant suspendue diplomatiquement. Cependant, le 16 décembre 1551 Ferdinand fait assassiner Martinuzzi, dont il craignait les velléités d’indépendance, ce qui a pour effet de remettre les Ottomans dans la course. Au début 1552, le sultan remet la reine mère Isabelle et son fils sur le trône de Transylvanie, l’empereur affaibli ne pouvant riposter. Le 12 mars 1556, le Parlement transylvain se décide à entériner ce règne, tandis que l’empereur Ferdinand, dans une lettre au sultan, énonçait la remise de la Transylvanie à Jean Sigismond. Dorénavant la Transylvanie est une monarchie quasi indépendante, mais qui doit accepter, comme avant elle la Valachie et la Moldavie, le statut de vassale de l’Empire ottoman. Vassale ne signifie pourtant pas annexée, et c'est pourquoi les cartes qui montrent la Transylvanie, la Valachie et la Moldavie comme territoires ottomans, sont fausses. En effet elles gardent leur statut d’états chrétiens autonomes, leurs armées, leurs institutions, leurs lois et leurs ambassadeurs. Le traité de Spire, du 10 mars 1571, signé par l’empereur Maximilien II et le prince, entérinait cette position de la Transylvanie.

À ce propos, depuis la fin du XXe siècle, l’historiographie hongroise moderne affirme que la Principauté de Transylvanie n’existait pas avant 1570 : ce nouveau point de vue s’inscrit dans une « réécriture de l’histoire »[4] hongroise, selon laquelle la Principauté de Transylvanie n’aurait été créée qu’au Traité de Spire (en)[5]. En fait la Transylvanie est une Principauté élective dirigée par un prince hongrois (dont les prestigieuses familles Bethlen ou Báthory), et où les pouvoirs de la Diète sont réels.

Lors de la Réforme, alors que la Contre-Réforme sévit en France et dans les possessions des Habsbourg (Autriche, Bohême, Hongrie royale), la Diète transylvaine, par l’édit de tolérance de 1568, passe en majorité au protestantisme, soit luthérien (adopté par les Saxons), soit calviniste (adopté par une partie des Magyars et des Szeklers occidentaux), soit unitarien (adopté par une partie des Magyars). Dans cet édit de tolérance transylvain, ces quatre confessions (professées par les aristocrates, les bourgeois et les fermiers libres, magyarophones ou germanophones) sont déclarées « acceptées » (receptæ), alors que les « valaques » en sont exclus car leur foi orthodoxe est seulement « tolérée » (tolerata).

Du point de vue des Magyars et des Saxons, ce XVIIe siècle est un Âge d'Or de la Transylvanie, mais du point de vue de la paysannerie valaque orthodoxe, c’est un « âge de larmes » car c'est sur elle que pèsent servage, corvées, capitation, gabelle et même dîme due à une église qui n’est pas la leur. Les villes, bourgs et bastides transylvaines acquièrent alors leur typologie traditionnelle : château d’un clan aristocratique magyar au centre, grosses maisons fortifiées magyares ou saxonnes des familles libres (fermiers, commerçants, artisans…) avec église catholique ou réformée, elle aussi fortifiée près du château, et petites maisons en bois, chaume et pisé des serfs valaques, serbes ou ruthènes avec église orthodoxe en bois à la périphérie. En cas d’invasion, ces derniers n’étaient pas admis dans la château et trouvaient refuge dans les posade[6] de la montagne ou de la forêt la plus proche. Un marronnage endémique de ces serfs peuple, dans les montagnes, de larges habitats dispersés entièrement en bois, nids de « haïdoucs », mais aussi fournisseurs de combattants irréguliers pour les armées des voïvodes de Transylvanie[7], qui, comme ceux de Moldavie et Valachie, jouent double jeu : ils paient un tribut aux Ottomans tout en reconnaissant, à plusieurs reprises, l’autorité lointaine des Habsbourg.

Après la mort de Jean Sigismond le 14 mars 1571, Étienne Báthory est élu voïvode de Transylvanie. Le sultan agrée cette décision, considérant Bathory comme le successeur légitime de Jean Sigismond, mais ordonnant une collaboration diplomatique étroite entre le prince Báthory et le bey de Buda, premier fonctionnaire du sultan en Hongrie. Mais en 1575, la noblesse polonaise demande à Báthory, fiancé à Anne, la sœur de Sigismond II Auguste, d’accéder au trône de Pologne, et celui-ci accepte, laissant la Transylvanie à son frère Christophe. Suivront les voïvodes Sigismond Ier Báthory, obligé de démissionner en 1596 après une défaite contre les turcs, un bref passage de Rodolphe II, qui sera renvoyé par la noblesse en 1601, noblesse qui rappellera Sigismond, qui abdiquera de nouveau en 1602, suite à une nouvelle défaite, contre le Saint-Empire cette fois. Cette fois c’est Étienne II Bocskai, ancien conseiller des Báthory, qui est élu voïvode de la Transylvanie en 1605, puis prince de Hongrie, mais il n'accepte ni le titre du roi de Hongrie ni la couronne de la main de l’Empire ottoman.

Il faut mentionner, pour cette période, deux instrumentalisations historiques modernes, l'une hongroise, l'autre roumaine. La première concerne le statut de la Transylvanie, dont l'indépendance en tant que Principauté élargie au « Partium » est occultée au profit de la notion de « Royaume de Hongrie orientale » : c'est un point de vue « grand-Hongrois » selon lequel l'histoire transylvaine ne se distingue en rien de celle de la Hongrie royale et doit être étudiée et décrite uniquement comme telle (mais si cela avait été le cas, la notion même de « Partium » n'existerait pas). La seconde concerne la brève intrusion en Transylvanie, entre novembre 1599 et août 1600, du voïvode de Valachie Michel le Brave, un condottiere au service de l'empereur Habsbourg, agissant ensuite pour son compte personnel et unissant brièvement la Transylvanie à la Valachie et à la Moldavie : cet éphémère épisode, passé quasi inaperçu à l'époque, est décrit par les historiens roumains de l'âge romantique (XIXe siècle) comme une « préfiguration » de la Roumanie, alors que rien ne l'étaye : Michel n'a rien dit ou écrit faisant allusion à une quelconque unité des « Valaques », n'a eu aucune action émancipatrice pour les paysans transylvains, a renouvelé les privilèges des nobles magyars et des saxons, et il a alourdi le servage en Valachie même.

À l’arrivée au pouvoir de Gábor Báthory, le sultan renonça au tribut annuel pour tribut triennal. Gábor engage des pourparlers avec l’empereur pour une alliance contre les turcs, mais son conseiller, Gábor Bethlen, en informe le sultan qui lui cède en 1613 le droit de déposer le monarque. Le 21 octobre 1613, la diète transylvaine, sollicitée par le sultan, élit Bethlen prince. Protestant, Bethlen tenta de rassembler les contrées protestantes contre l’absolutisme catholique des Habsbourg. En 1619, il s’engage dans la guerre de Trente Ans aux côtés de la Bohême. En 1626 il épouse Catherine de Brandebourg, tandis que Pays-Bas, Danemark et Pologne (pourtant catholique) rejoignent la coalition. Il meurt en 1629 et un candidat finalement accepté par les turcs, Gyorgy Ier Rákóczi, lui succède, continuant la lutte contre Ferdinand, qui meurt en 1637. La guerre de Trente Ans entre dans sa dernière phase, où les Allemands affrontent des Français à l’ouest et Rákóczi à l’est. Ce dernier conclut en 1643 un accord avec la France et la Suède, passant outre la désapprobation du Sultan. Un accord secret entre Louis XIV et le prince Rákóczi complète en 1645 ces accords.

Le sultan voit d’un mauvais œil ce prince si indépendant qui possède de puissants alliés et le menace d’intervenir : en décembre 1645, Rákóczi obtempère et retire ses troupes de Moravie, signant la paix à Linz avec Ferdinand III, sortant la Transylvanie de la guerre de Trente Ans. Néanmoins, la Transylvanie participe trois ans plus tard, comme puissance souveraine, aux négociations à la paix de Westphalie qui conclut la guerre de Trente Ans. C'est en 1699 que cette souveraineté prend fin, lorsque les Habsbourg conquièrent la Transylvanie et en font un archiduché intégré à leur empire, mais un archiduché réduit à son territoire d'avant 1526, sans le « Partium ».

La Transylvanie sous les Habsbourg d'Autriche (1690-1867)[modifier | modifier le code]

Iohann Haller, gouverneur de la Transylvanie en 1750.
Miklos Barabas : Famille roumaine descendant au marché, 1844
Première édition du Supplex Libellus Valachorum Transsilvaniae, œuvre majeure des Lumières transylvaines  (ro), publié à Cluj en 1791.

À partir de 1688-1690, la Transylvanie, désormais archiduché et ramenée à ses limites d'avant 1526, passe sous le contrôle de l'empire des Habsbourg qui vient de conquérir le bassin danubien après 150 ans d'occupation ottomane. L'empereur Léopold s'engage à reconnaître l'autonomie transylvaine (Diploma Leopoldinum) mais il met en place un gouverneur, entouré d'un Conseil (Gubernium), chargé de le représenter personnellement dans ce qui devient, peu à peu, une simple province de son Empire. La religion catholique reprend une place importante et en 1698 une partie des orthodoxes, las des discriminations dont ils sont l'objet, acceptent de reconnaître l'autorité du pape (Église grecque-catholique de Transylvanie). Les gréco-catholiques de Transylvanie ouvriront des écoles et seront le moteur de l'émancipation des Roumains, développant un esprit de résistance qui les fera interdire et persécuter entre 1946 et 1989 lors de la période communiste.

C'est aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous l'influence de l'esprit des Lumières, que commencent à se développer les consciences nationales modernes[8]. Quoi qu'il en soit, les élites gréco-catholiques de langue roumaine souffrent de n'avoir aucune participation au pouvoir[9]. À la fin du XVIIIe siècle, un embryon de bourgeoisie roumaine est néanmoins formé, et ses revendications sont formulées par les penseurs de l'École transylvaine (ro). Entre 1784 et 1792, ils réclament la reconnaissance des Roumains comme « Quatrième nation » en Transylvanie, notamment dans le Supplex Libellus Valachorum Transsilvaniae (ro), texte traduit à Paris dans le Mercure de France, et de même inspiration que la Déclaration d'indépendance américaine ou que celle des Droits de l'homme et du citoyen française. La révolution transylvaine de 1784 échoue, mais les Habsbourg se rendent compte qu'il faut « lâcher du lest » et Joseph II, imprégné par l'esprit des Lumières, mène entre 1781 et 1787 des réformes audacieuses : suppression du servage, démantèlement des privilèges des Ordres (hongrois, sicule, saxon) issus du Moyen Âge. Mais, refusées par l'aristocratie magyare, ces réformes sont annulées en 1790, dans le contexte de la Révolution française qui effraie toutes les cours impériales d'Europe.

Ces réformes qui mettaient les Roumains à égalité avec les autres « nations » reconnues de Transylvanie, sont un électrochoc pour les Hongrois de Transylvanie, nobles mais aussi bourgeois, qui commencent à réclamer l'abolition de l'Archiduché et le rattachement de la Transylvanie (Unió) à la « Grande Hongrie » comprenant également le Royaume de Croatie-Slavonie. Les Sicules, de langue hongroise, s'identifient, eux aussi, de plus en plus, à la « cause nationale » hongroise. À partir de cette époque, la Transylvanie va de plus en plus devenir l'enjeu des luttes nationales et des revendications identitaires, dont elle n'est toujours pas complètement sortie au début du XXIe siècle. En 1848, le nationalisme romantique du « Printemps des peuples » qui lutte pour la liberté et la démocratie contre les tyrans souverains, révèle vite ses limites et ses naïvetés en Europe centrale, et particulièrement en Transylvanie, où les révolutions hongroise et roumaine de 1848 échouent après s'être opposées l'une à l'autre.

Avram Iancu

En Transylvanie, la situation en 1848 est particulière car les révolutionnaires hongrois de Lajos Kossuth, profondément jacobins, ont repris à leur compte les revendications des partisans de la « Grande Hongrie » et décidé la suppression de la diète transylvaine ; de plus, ils veulent faire du magyar la seule langue de la future Hongrie révolutionnaire. Dans ce projet, les non-magyars de Transylvanie n'ont aucune chance de voir aboutir leurs revendications. En conséquence, si une minorité de germanophones et de roumanophones, moins attachés à leur culture, adhère au programme de Kossuth lors des diètes de Cluj/Kolozsvár et de Debrecen, la majorité s'en détache. Les Saxons regardent de plus en plus vers l'Allemagne qui cherche, à Francfort, les voies de son unification. Quant aux Roumains, rassemblés sous la bannière d'Avram Iancu lors de la grande assemblée de Blaj le 15 mai 1848, ils forment un corps de volontaires.

L’armée de Kossuth réagit par des tirs sans sommation, mais les volontaires roumains, montagnards aguerris par une vie de privations et experts en pièges et embuscades, la repoussent par deux fois dans le massif du Bihor, à Abrud et à Mărișel (dans les mêmes terroirs où la révolution transylvaine de 1784 avait tenu en échec les hussards magyars 64 ans plus tôt). Parmi les leaders de cette révolution, qui reprennent à peu de choses près les revendications du Supplex libellus valachorum de 1784 et des 36 points du Parti de la nation de Moldavie, on note la présence d'Alexandru Papiu Ilarian, d'Ioan Axente Sever, de Simion Balint, de Simion Bărnuțiu, d'Ioan Buteanu, de Petru Dobra, Timotei Cipariu, Ioan Dragoș, Ioan Sterca-Șuluțiu et David Urs de Margina.

La 29 mai 1848, à Cluj, a lieu une réunion exceptionnelle de la diète transylvaine. Le système électoral censitaire fait que la majorité roumanophone du pays (70 % de la population) y est très peu représentée (sur 300 députés, il y a 273 magyars, 24 germanophones et seulement 3 roumanophones). La majorité des députés, des magyars ralliés à Kossuth, proclame l'annexion de la Transylvanie à la Hongrie, au grand dam des roumanophones, mais aussi des Saxons et d'une partie des Széklers. Même le grand poète hongrois Sándor Petőfi, lui-même transylvain, prit parti contre cette décision.

Le divorce était définitivement consommé entre les révolutionnaires hongrois d'un côté, et les roumains, les Saxons et les Croates de l'autre. Les efforts de Nicolae Bălcescu, médiateur missionné par le gouvernement révolutionnaire de Valachie, qui alla voir Kossuth lui-même à Budapest (la conversation eut lieu en français), n'aboutirent à rien. Une partie de l'armée magyare en était encore à réprimer les roumains en Transylvanie, alors qu'à l'appel des Habsbourg soucieux de reconstituer leur empire, les troupes russes du Tzar envahissaient déjà la Hongrie révolutionnaire, conformément aux traités de la Sainte Alliance. Résultat : la révolution hongroise fut écrasée à la bataille de Șiria (près d'Arad) en 1849. Lajos Kossuth, leader de la révolution hongroise, doit s'exiler après le martyre de treize de ses généraux à Arad le 6 octobre 1849. De son côté Avram Iancu sombra dans la dépression, cessa de plaider, adopta un comportement excentrique (il parcourait les villages en jouant des airs de flûte), fut radié du barreau, refusa une décoration offerte par le jeune empereur François-Joseph en visite en Transylvanie (pour le remercier d'avoir combattu Kossuth) et fit un tel scandale face au souverain, qu'il fut considéré fou et chassé manu militari. Aux yeux des nationalistes hongrois, les Roumains ont « trahi la cause révolutionnaire »… et inversement[10],[11],[12].

Suit une courte période de transition dite du néo-absolutisme autrichien : l'archiduché de Transylvanie, dont l’autonomie fut rétablie pour encore 19 ans (elle fut définitivement abolie en 1867), devient de facto une coquille vide, dissoute dans un système répressif et bureaucratique, qui n'en poursuit pas moins les réformes de modernisation de 1848-1849 (fin du servage, modernisation des codes juridiques). Dans les années 1860 l'Autriche subit plusieurs graves défaites en Italie puis à Sadowa en 1866, et l'empereur François-Joseph doit relâcher la pression sur les nationalités. Une diète transylvaine se réunit à Sibiu où, pour la première fois, les Roumains sont représentés, et vote l'usage à égalité des trois langues, roumaine, hongroise et allemande dans l'administration (1863-1864). Un projet est présenté à l'empereur : l'Autriche, comme l'Allemagne, deviendrait une fédération de sept monarchies dont il serait le roi ou l'archiduc : Autriche, Bohême-Moravie, Galicie-et-Lodomérie, Hongrie, Croatie-Slavonie, Transylvanie, Dalmatie. Mais, pour ne pas contrarier les magnats d'Autriche et de Hongrie, l'empereur choisit de ne faire reposer l'équilibre de l'Empire que sur un pacte avec les seuls Hongrois : c'est le compromis de 1867 qui fonde l'Autriche-Hongrie. Pour sa part, la Transylvanie est intégrée dans la Grande Hongrie.

Après l’abolition de la Principauté[modifier | modifier le code]

Controverse nationaliste[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Royaume de Hongrie orientale.

Une controverse historique s'est développée, de pair avec la montée des nationalismes, au sujet des premiers siècles de l'existence de la principauté. En effet, au Traité de Spire (en) de 1570, le voïvodat de Transylvanie vassal de la Hongrie, est érigé en état indépendant, sujet de droit international reconnu par les autres puissances et agrandi des parties adjacentes de la Hongrie, en échange du renoncement du prince de Transylvanie Jean Sigismond au titre de roi de Hongrie. Or l'historiographie hongroise moderne[5] et, a sa suite, une partie de l'historiographie germanique[13] ou anglophone[14], considèrent que la Principauté de Transylvanie n'existait pas avant 1570. Le pivot de cette controverse repose sur le statut des voïvodes transylvains d'avant 1570, considérés par l'historiographie nationaliste hongroise comme de simples gouverneurs, et par l'historiographie nationaliste roumaine comme des souverains à part entière[15] ; en fait, avant comme après, la Transylvanie ayant un territoire défini, une assemblée propre, des lois propres, des institutions propres, une armée propre, et ses voïvodes, en grande majorité d'origine hongroise, étaient vassaux du roi de Hongrie : c'était un état multiethnique, lié à la Hongrie et peuplé de Hongrois (Magyars et Sicules) de Roumains et d'Allemands[16].

La légende de Dracula[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Dracula (personnage).

La légende de « Dracula » est liée à la Transylvanie. Mais quoi que puissent en dire certains guides et agences de tourisme, les deux Vlad, « Dracul » et « Țepeș » (le dragon et l'empaleur) étaient Voévodes de Valachie, et non de Transylvanie. Vlad II Dracul (le dragon), de la dynastie des Basarab, était ainsi surnommé parce que le roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg l'avait adoubé chevalier de l'ordre du Dragon Ourobore, voué à la lutte contre les Turcs ottomans. Au XIXe siècle, l'écrivain irlandais Bram Stoker puisa dans cette histoire le titre de son fameux roman, où figurent aussi des éléments de biologie sud-américaine (les chauves-souris vampires Desmodus rotundus). Dracula n'est pas une légende transylvaine, mais une légende romantique de l'époque victorienne, dont l'action se situe en Transylvanie…

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (ro) Ioan Marian Țiplic, « Considerații cu privire la liniile întărite de tipul prisăcilor din Transilvania », Acta terrae Septemcastrensis, Sibiu, vol. I,‎ 2002, p. 147-164 (ISSN 1583-1817, lire en ligne)
  2. Edouard Sayous, Histoire generale des Hongrois, Budapest/Paris 1900, pag.25
  3. (hu) Kartográfiai Vállalat Szerkesztőbizottsága, Történelmi atlasz a középiskolák számára [« Atlas historique pour les collèges »], Budapest, Kartográfiai Vállalat,‎ 1989 (ISBN 963-351-422-3), p. 13-19.
  4. Le professeur Jean Ravenstein de l’université d'Aix-Marseille appelle cette réécriture, qui n’est pas le monopole de la Hongrie : « rétroprojection nationaliste »
  5. a et b Iván Boldizsár, NHQ : the new Hungarian quarterly, Vol. 22, éd. 1, Lap kiadó, Budapest, 1981, p. 64 sur NHQ;.
  6. En roumain posadă signifie « clairière, refuge, palissade » : voir Bataille de Posada.
  7. Ioan Raica: Wahrheiten über Sachsen und Nachbarschaften im Kokeltal ("Réalités concernant les Saxons transylvains et leurs voisins dans le pays des Târnave"), Ed. Tipomur, Târgu Mureș, 1995.
  8. . Compte tenu du bilinguisme et du caractère non nationaliste de ces consciences nationales avant le XXe siècle, il est difficile de faire une comptabilité fiable par nationalités avant 1780 : le fait de savoir s'il y avait une majorité hongroise ou roumaine avant 1700 en Transylvanie reste, actuellement, objet de polémiques nationalistes entre historiens hongrois et roumains. Mais ces polémiques n'ont aucun intérêt scientifique. Tout ce que la toponyme révèle, c'est que les Hongrois dominaient dans les plaines et le long des grands fleuves, tandis que les Roumains dominaient dans les piémonts (pays de Marmatie, Oaș, Crasna, Sălaj, Lăpuș, Năsăud, Gurghiu, Toplița, Vlăhița, Bihor, Zărand, Moților, Caraș, Vâlcu, Montana, Hațeg, Petroșani, Amlaș, Cibin, Făgăraș et Bârsa).
  9. comme le montre l'argumentaire de l'évêque grecque-catholique roumanophone Micu Klein au milieu du XVIIIe siècle.
  10. Ioan Chindriș, Uitații prefecți ai munților (Les préfets oubliés des montagnes)
  11. Gelu Neamțu, Les magyars et les roumains révolutionnaires en 1848 en Transylvanie
  12. Istoriografia revoluției române de la 1848-1849 din Transilvania en roumain
  13. Friedrich Emanuel von Hurter, Geschichte Kaiser Ferdinands II, vol. 1, Hurter,‎ 1850 (présentation en ligne)
  14. Robert John Weston Evans, T. V. Thomas. Crown, Church and Estates: Central European politics in the sixteenth and seventeenth centuries, Macmillan, 1991, p. 80-81.
  15. Academia Republicii Populare Romîne Istoria Romîniei, Bucarest 1960 ; manuel scolaire de Felicia Adăscăliței et Liviu Lazăr Manual de istorie pentru clasa a 12-a - éd. Corvin, Deva 2007, ISBN 978-973-622-369-3.
  16. Béla Köpeczi (dir.), History of Transylvania, 3 vol., Boulder, East European Monographs, 2001-2002 (Abrégé français sur Histoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Béla Köpeczi (dir.), History of Transylvania, 3 vol., Boulder, East European Monographs, 2001-2002. (Traduction anglaise d'un ouvrage célèbre, très documenté et précis mais contesté car restant attaché au « point de vue hongrois » sur la question. Il est paru en 1986 en Hongrie. Il existe une version abrégée en français disponible sur internet : Histoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992).
  • A. Dragoescu (éd.), Transilvania, istoria României, 2 vol., Cluj, 1997-1999. (Ces volumes collectifs en roumain se veulent une réplique aux trois volumes dirigés par Köpeczi).
  • Jean Nouzille, La Transylvanie, Strasbourg, Revue d’Europe centrale, 1993.
  • Harald Roth, Kleine Geschichte Siebenbürgens, Cologne, Böhlau Verlag, 1996. (Ouvrage bref mais qui s'efforce de garder l'équilibre entre les points de vues polémiques roumains et hongrois).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]