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Deuxième République de Pologne (1918 - 1939) |
Deuxième République de Pologne (1918 - 1939)from the Wikipedia | Read original article |
52° 13′ N 21° 00′ E / 52.217, 21
République de Pologne
Rzeczpospolita Polska pl
Localisation de la Pologne dans l'entre-deux-guerres
Statut | République |
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Capitale | Varsovie |
Monnaie | Mark polonais (jusqu'en 1924) Złoty (à partir de 1924) |
Population | 1921 : 27 177 000 hab. 1931 : 32 107 000 hab. 1938 : 34 849 000 hab. |
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Superficie | 1921 : 387 000 km2 1931 : 388 634 km2 1938 : 389 720 km2 |
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11 novembre 1918 | Création |
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1er septembre 1939 | Invasion |
Entités précédentes :
La Deuxième République de Pologne (Druga Rzeczpospolita) est le nom du régime politique de la Pologne entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, la « Première République » renvoyant à la République des Deux Nations, disparue à l'issue du troisième partage de la Pologne en 1795.
La deuxième république est souvent associée à une période d'adversité, de troubles et de victoires. Mais malgré les difficultés économiques et les destructions de la Première Guerre mondiale, suivies de l'invasion soviétique de la guerre russo-polonaise de 1920, ayant à faire face à des voisins de plus en plus hostiles tels que l'Allemagne nazie, la république parvient à se développer. Malgré l'absence de possession d'outre-mer (voir : Ligue maritime et coloniale (en)), elle réussit à maintenir un niveau de développement économique comparable à celui de ses voisins de l'ouest. Les pôles culturels de Varsovie, Cracovie, Poznań, Vilnius et Lviv s'élevent au niveau des grandes villes européennes et deviennent les sièges d'universités et des lieux d'enseignement supérieur de renommée internationale. En 1939, la République est devenue un acteur majeur dans la politique et l'économie européenne et mondiale.
La Pologne obtient de facto son indépendance le 11 novembre 1918, lors du retrait de l'occupation allemande. S'ensuit une guerre avec l'Ukraine, elle aussi libre de tout occupant, et un soulévement en Grande-Pologne, sous domination allemande. Les premières élections libres - pour élire la Sejm - ont lieu le 26 janvier 1919 et voient la droite nationaliste remporter un peu plus de la moitié des sièges. Dès février, des tensions éclatent avec le voisin soviétique pour le contrôle de Vilnius. Avec l’aide des armées alliées, les Polonais tiennent bon. Le 26 juin le traité de Versailles reconnaît la Pologne comme un état de plein droit. Du 23 août au 7 octobre, des troupes irrégulières polonaises se soulèvent pour soutenir l'insurrection de Sejny en Lituanie. Le 17 juillet 1919, les Ukrainiens capitulent face aux Russes.
L'année 1920 est décisive dans la création de la république polonaise. En mars, la République des Lemkos (éphémère république ruthène en Pologne du sud) est annexée. Le 24 avril, l'opération Kiev doit permettre le contrôle de l'Ukraine centrale et orientale. Cependant, les armées polonaises sont repoussées et les Russes mènent une controffensive qui les mène aux portes de Varsovie. Des troubles secouent le pays de l'intérieur (attentats, assassinats, émeutes). Face au mécontentement, le gouvernement polonais décide une réforme agraire pour apaiser les paysans, qui représentent plus de 75 % de la population. Alors que la Pologne orientale passe sous contrôle russe, le maréchal Pilsudski sauve la situation grâce à la Bataille de Varsovie surnommée le miracle de la Vistule, qui se déroule du 6 au 16 août.
Le 17 mars 1921, une constitution instaurant la démocratie est votée (Constitution de Mars). Le lendemain, la paix de Riga confère à la Pologne d'importants territoires en Ukraine occidentale.
Le 11 décembre 1922, Gabriel Narutowicz devient le premier président de la république polonaise. Mais, il est assassiné après cinq jours de mandat. Stanislaw Wojciechowski lui succède le 20 décembre.
La République, adoptée par la Constitution de Mars, est déjà très fragile. En effet, la décentralisation et l'absence de monnaie unique parasitent le développement du pays. L'armée pèse un poids conséquent et la République affaiblie par quatre ans de guerre doit reconstruire le pays. Cela n'est pas facile dans un État où les minorités ukrainiennes, tchèques, russes, allemandes, lituaniennes... représentent 30 % de la population.
Lors des élections législatives de 1922, aucune des formations ne réunit plus d'un quart des sièges. Il en résulte une grande période d'instabilité politique. Malgré le gouvernement de Władysław Grabski, qui en 1924 lance une grande réforme monétaire : monnaie unique, création de la Banque de Pologne, un Coup d'État à lieu le 12 mai 1926
Au lendemain du coup d'État de mai, un nouveau gouvernement est formé par le premier ministre Kazimierz Bartel, avec Józef Piłsudski pour ministre des affaires militaires. Le 31 mai, l'Assemblée nationale (Zgromadzenie Narodowe) nomme Piłsudski président, mais celui-ci refuse. C'est Ignacy Mościcki qui accepte la charge. Cependant, dépassant peu à peu les prérogatives de son ministère de la Défense, Józef Piłsudski devient le véritable homme fort de l'État.
Menant une politique d'"assainissement" fondée sur le rétablissement des bonnes mœurs de la vie publique, Piłsudski gouverne avec autorité, utilisant décrets et censure. Profitant d'une bonne conjoncture économique qui perdure jusqu'en 1929, cette politique ne suscite que peu de protestations[1]. Dans les années 1930, une conjonction d'événements, de la Grande Dépression au cercle vicieux des attaques terroristes de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et des représailles gouvernementales, entraînent la détérioration des relations entre le gouvernement et les minorités[2], comme la minorité allemande en Silésie. Dans le même temps, la santé du maréchal commence à décliner.
Le 12 mai 1935, Piłsudski meurt d'un cancer du foie au palais du Belvédère de Varsovie. Les célébrations commencent spontanément moins d'une heure après l'annonce de son décès[3]. Elles sont menées par d'anciens soldats des légions polonaises, des membres de l'Organisation militaire polonaise, des vétérans des guerres de 1919-1921 et ses collaborateurs politiques[4]. Tous ces anciens subordonnés ont profité de la prise de pouvoir du maréchal pour accéder aux sphères dirigeantes et n'entendent pas laisser la place. Ce sont eux qui constituent le gouvernement des colonels (en) qui perdure jusqu'à la veille de seconde guerre mondiale.
Le 28 avril 1939, après le refus polonais d'accepter l'annexion par l'Allemagne du corridor de Dantzig, Adolf Hitler dénonce unilatéralement le pacte de non-agression germano-polonais, signé le 26 janvier 1934 entre la Pologne et le Troisième Reich.
Le début de la Seconde Guerre mondiale met un terme à la Deuxième République de Pologne. Le 1er septembre 1939, une semaine après la signature du pacte Molotov-Ribbentrop, commence la campagne de Pologne. Le 6 octobre 1939, l'Allemagne et l'Union soviétique occupent toute la Pologne, à l'exception de la région de Vilnius, récupérée par la Lituanie. Pour autant, la Pologne ne capitulera pas et le gouvernement polonais en exil et l'État clandestin de Pologne poursuivront le combat durant toute la guerre.
Après avoir recouvré son indépendance, la Pologne est confrontée à de graves difficultés économiques. Parce que créée à partir de territoires issus de différentes États, à l'intérieur des frontières de la Pologne cohabitent trois systèmes économiques différents, avec trois monnaies différentes et peu ou pas de liens directs entre les infrastructures. Aucune liaison ferroviaire directe ne relie les centres industriels avec les grandes villes. Dans les années 1920, il n'y a pas de ligne directe entre Varsovie (ancien territoire sous contrôle russe) et Cracovie (ancien territoire sous contrôle autrichien), la ligne ne sera achevée qu'en 1934.
La Première Guerre mondiale, suivie de la guerre russo-polonaise de 1920, laisse le pays dévasté. Il y a, de plus, une grande disparité économique entre l'Est (communément appelé la Pologne B) et l'Ouest (appelé Pologne A), la moitié occidentale étant beaucoup plus développée et plus prospère. Les fréquentes fermetures des frontières et les guerres tarifaires (en particulier avec l'Allemagne nazie) ont aussi des impacts économiques négatifs sur la Pologne.
En dépit de ces problèmes, la Pologne de l'entre-deux-guerres atteint un niveau de prospérité économique qui la place sur un pied d'égalité avec l'Europe occidentale. En 1924, le Premier ministre et ministre de l'économie Władysław Grabski présente le złoty comme la monnaie unique de la Pologne. Elle demeurera une des monnaies les plus stables d'Europe centrale. Cette devise aidera la Pologne à contrôler l'hyperinflation qui règne alors sur la planète. La Pologne est le seul pays d'Europe, qui y parviendra sans avoir à recourir à des prêts ou à l'aide étrangère.
Cette relative prospérité est due aux plans de développement économique qui ont supervisé la construction des trois éléments clés de l'infrastructure. Le premier fut la création du port de Gdynia, qui permit à la Pologne de contourner la ville libre de Dantzig, qui subit alors une forte pression allemande). Le deuxième élément fut la construction des 500 kilomètres de liaison ferroviaire entre la Haute-Silésie et Gdynia, appelée la ligne du charbon polonais (Magistrala węglowa). Le troisième élément fut la création d'un district industriel, appelé la Région industrielle centrale (Centralny Okręg Przemysłowy). Malheureusement, toutes ces évolutions seront interrompues et largement anéanties par l'invasion de l'Allemagne et de l'Union-Soviétique dès le début de la Seconde Guerre mondiale.
Selon le recensement de 1921, la République de Pologne compte 27 177 000 habitants. En 1939, juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sa population est estimée à 34 849 000 habitants.
Date | Population | Pourcentage de population rurale |
Densité de population (par km²) |
---|---|---|---|
Recensement du 30 septembre 1921 | 27 177 000 | 75,4 % | 69,9 |
Recensement du 9 décembre 1931 | 32 348 000 | 72,6 % | 82,6 |
Estimation au 31 décembre 1938 | 34 849 000 | 70 % | 89,7 |
Villes principales en 1939 | Population |
---|---|
Varsovie | 1 289 000 |
Łódź | 672 000 |
Lwów (Lviv) | 318 000 |
Poznań | 272 000 |
Cracovie | 259 000 |
Wilno (Vilnius) | 209 000 |
Bydgoszcz | 141 000 |
Częstochowa | 138 000 |
Katowice | 134 000 |
Sosnowiec | 130 000 |
Lublin | 122 000 |
Gdynia | 120 000 |
Chorzów | 110 000 |
Białystok | 107 000 |
La Pologne a toujours été une nation multi-ethnique, avec des minorités juive et ukrainienne importantes. Cela a été particulièrement vrai en 1918, après la Première Guerre mondiale, où elle a recouvré son indépendance. Le recensement de cette année-là révèle que 30,8 % de la population appartenait à des minorités. Cette tendance s’est encore accusée avec la victoire polonaise de 1920 et les gains territoriaux subséquents. Au recensement de 1931, la population comptait 68,9 % de Polonais, 13,9 % d'Ukrainiens, 8,6 % de Juifs, 3,1 % de Biélorusses, 2,3 % d'Allemands et 2,8 % d'autres minorités comme des Lituaniens, des Tchèques et des Arméniens.
La Pologne compte aussi de nombreuses religions. En 1921, 16 057 229 Polonais (environ 62,5 %) sont catholiques romains, 3 031 057 (environ 11,8 %) sont catholiques orientaux (surtout des grecs-catholiques ukrainiens et des catholiques arméniens), 2 815 817 (environ 10,95 %) sont grecs-orthodoxes, 2 771 949 (environ 10,8 %) sont juifs, et 940 232 (environ 3,7 %) sont protestants (la plupart luthériens). En 1931, la Pologne a la deuxième plus importante population juive dans le monde, un cinquième des Juifs de la planète réside entre ses frontières (environ 3 136 000).
Les divisions administratives de la Deuxième République de Pologne sont fondées sur un système à trois niveaux. Le premier niveau correspond aux gminy, (communes : villes et villages). Ceux-ci sont ensuite regroupées en powiaty (districts ou arrondissements), ensuite organisés en wojewódstwa (voïvodies).
Voïvodies de Pologne pendant l'entre-deux-guerres (données du 1er avril 1937) |
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Plaque d'immatriculation (à partir de 1937) |
Voïvodies | Capitale | Superficie km2 (1930) |
Population (1931) |
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00-19 | Ville de Varsovie | Varsovie | 140 | 1 179 500 | |
85-89 | warszawskie | Varsovie | 31 700 | 2 460 900 | |
20-24 | białostockie | Białystok | 26 000 | 1 263 300 | |
25-29 | kieleckie | Kielce | 22 200 | 2 671 000 | |
30-34 | krakowskie | Cracovie | 17 600 | 2 300 100 | |
35-39 | lubelskie | Lublin | 26 600 | 2 116 200 | |
40-44 | lwowskie | Lwów (actuellement Lviv en Ukraine) | 28 400 | 3 126 300 | |
45-49 | łódzkie | Łódź | 20 400 | 2 650 100 | |
50-54 | nowogródzkie | Nowogródek (actuellement Navahrudak en Biélorussie) | 23 000 | 1 057 200 | |
55-59 | poleskie | Brześć nad Bugiem (actuellement Brest en Biélorussie) | 36 700 | 1 132 200 | |
60-64 | pomorskie | Toruń | 25 700 | 1 884 400 | |
65-69 | poznańskie | Poznań | 28 100 | 2 339 600 | |
70-74 | stanisławowskie | Stanisławów (actuellement Ivano-Frankivsk en Ukraine) | 16 900 | 1 480 300 | |
75-79 | śląskie | Katowice | 5 100 | 1 533 500 | |
80-84 | tarnopolskie | Tarnopol (actuellement Ternopil en Ukraine) | 16 500 | 1 600 400 | |
90-94 | wileńskie | Wilno (actuellement Vilnius en Lituanie) | 29 000 | 1 276 000 | |
95-99 | wołyńskie | Łuck (actuellement Loutsk en Ukraine) | 35 700 | 2 085 600 |
Le 1er avril 1938, les frontières de plusieurs voïvodies occidentales et centrales changent considérablement.
Lorsqu'en 1922, après plusieurs guerres, les frontières de l'état sont enfin fixées, la deuxième république de Pologne s'étend sur 903 kilomètres du nord au sud et sur 894 kilomètres d'est en ouest. Elle est, au 1er janvier 1938, bordée de 5 529 km de frontières communes avec : la Tchécoslovaquie, (948 km) ; l'Allemagne (1 912 km, Prusse-Orientale comprise) ; l'Union soviétique (1 412 km) ; la Ville libre de Dantzig ; la Lituanie ; la Lettonie ; la Roumanie et compte une petite bande côtière autour de la ville de Gdynia sur la mer Baltique (140 km), reliée au reste du pays par le Corridor de Dantzig. Sa superficie de 388 634 km2 (389 720 km2 après l'annexion de Zaolzie à l'automne 1938) la place au sixième rang en Europe.
Avec une altitude moyenne de 223 mètres, la deuxième république de Pologne est un pays essentiellement plat[5]. Seulement 13 % du territoire, le long de la frontière sud, a un altitude supérieure à 300 mètres. Dans le massif des Tatras, le Mont Rysy avec ses 2 499 mètres, est le point culminant du pays. Entre octobre 1938 et septembre 1939, il est détrôné par le Lodowy Szczyt (en slovaque : Ľadový štít) qui culmine à 2 627 mètres. Le plus grand lac est le Lac Naroch.
En 1938, parmi les grandes villes, la température moyenne annuelle la plus élevée est relevée à Cracovie avec 9,1 °C et la plus basse est relevée à Wilno avec 7,6 °C.
Près de 75 % du territoire de la république est drainé vers le nord jusque dans la mer Baltique par la Vistule (dont le bassin représente 180 300 km2), le Niemen (bassin : 51 600 km2), l'Oder (46 700 km2) et la Daugava (10 400 km2). Le reste du pays est drainé vers le sud, dans la mer Noire, par les rivières Pripyat, Horyn et Styr, qui se déversent dans le Dniepr et dont les bassins comptent ensemble 12 900 km2.