Louis XV de France (1710-1774)

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Louis XV de France (1710-1774)from the Wikipedia
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Louis XV
Portrait de Louis XV en costume de sacre par Louis-Michel van Loo.
Portrait de Louis XV en costume de sacre par Louis-Michel van Loo.
Titre
Roi de France et de Navarre
1er septembre 171510 mai 1774
(58 ans, 8 mois et 9 jours)
Couronnement 25 octobre 1722,
en la cathédrale de Reims
Régent Philippe d'Orléans (1715-1723)
Premier ministre Cardinal Dubois
Duc de Bourbon
Cardinal de Fleury
Prédécesseur Louis XIV
Successeur Louis XVI
Héritier des trônes de France et de Navarre
8 mars 17121er septembre 1715
(3 ans, 5 mois et 24 jours)
Monarque Louis XIV
Prédécesseur Louis, dauphin de France
Successeur Philippe, duc d'Orléans
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis de France, duc d'Anjou
Date de naissance 15 février 1710
Lieu de naissance Château de Versailles (France)
Date de décès 10 mai 1774 (à 64 ans)
Lieu de décès Château de Versailles (France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis de France,
dauphin de France
Mère Marie-Adélaïde de Savoie
Conjoint Marie Leszczyńska
Enfant(s) Élisabeth de France
Henriette de France
Marie-Louise de France
Louis de France
Philippe de France
Adélaïde de France
Victoire de France
Sophie de France
Thérèse de France
Louise de France

Signature

Louis XV
Monarques de France

Louis XV dit le « Bien-Aimé », né à Versailles le 15 février 1710 et mort le 10 mai 1774 dans la même ville, est un roi de France et de Navarre. Membre de la Maison de Bourbon, il règne sur le royaume de France du 1er septembre 1715 au 10 mai 1774.

Orphelin à l'âge de 2 ans, duc d'Anjou puis dauphin de France du 8 mars 1712 au 1er septembre 1715, il succède à son arrière-grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans ; son pouvoir est alors délégué à son cousin, le duc d'Orléans, proclamé « régent du Royaume » le 2 septembre 1715, jusqu'au 15 février 1723, date de l'entrée du jeune roi dans sa treizième année, où il prend officiellement la direction du gouvernement.

Les premières années de son règne se déroulent dans un calme relatif, sous la direction prudente de plusieurs précepteurs, qui lui prodiguent une vaste culture. À sa majorité, il confie successivement le gouvernement à des proches parents, le duc d'Orléans, ex-régent, puis le duc de Bourbon, puis à l'un de ses anciens précepteurs, le cardinal de Fleury.

À la différence de Louis XIV, Louis XV n'a pas été en contact direct avec la vie politique du pays. Il ne voyait que rarement ses ministres et agissait souvent à l'encontre de leurs attentes faute de pouvoir leur donner des directives fermes et précises, d'après les informations émanant d'un réseau secret de diplomates et d'espions qu'il avait constitué[1]. Son désintérêt pour la politique et la succession de ministres aux tendances différentes aboutissent à un affaiblissement de l'influence de la France en Europe.

Seul survivant de la famille royale stricto sensu, il bénéficie au début de son règne d'un grand soutien populaire, ce qui lui vaut le surnom de « Bien-Aimé » en 1744 après une maladie qui faillit l'emporter à Metz. Au fil des années cependant, son manque de fermeté, le dénigrement de son action par les parlementaires et une partie de la noblesse de cour, les intrigues incessantes impliquant sa maîtresse, la marquise de Pompadour, et son inconduite dans sa vie privée amènent la disparition de sa popularité, à tel point que sa mort - de la petite vérole - provoque des festivités dans Paris, comme suite à celle de Louis XIV.

Sous son règne, toutefois, la France connaît de grands succès militaires sur le continent européen et acquiert le duché de Lorraine et le duché de Bar, ainsi que la Corse. En revanche, elle perd le contrôle d'une grande partie de son empire au profit de la domination coloniale britannique : spécialement la Nouvelle-France, en Amérique, comme la prépondérance aux Indes.

Enfance[modifier | modifier le code]

Louis XIV et ses descendants : le dauphin, le duc de Bourgogne et le duc de Bretagne à la naissance du futur Louis XV ( Largillière, 1710)

Louis XV est né le 15 février 1710 dans le château de Versailles. Il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie. Il est ainsi l'arrière-petit-fils de Louis XIV. De ses deux frères aînés, également prénommés Louis, le premier (titré duc de Bretagne) mourut en 1705 à l'âge d'un an, le second (reprenant le titre de duc de Bretagne), né en 1707, ne vécut que cinq ans.

À sa naissance, en pleine guerre de Succession d'Espagne, le futur Louis XV, titré duc d'Anjou — titre porté précédemment par son oncle, Philippe de France, prétendant français au trône d'Espagne et futur roi Philippe V (1700-1746) — est immédiatement confié à sa gouvernante, la duchesse de Ventadour, secondée par Madame de La Lande, sous-gouvernante[2]. Il n'est alors pas destiné à régner, se plaçant au quatrième rang dans l'ordre de succession dynastique. Avant lui, doivent logiquement régner le fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, puis son père le Petit Dauphin, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais entre 1710 et 1715, une série de morts dans la famille royale met brusquement le jeune prince en première ligne dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la variole le 14 avril 1711. L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte le Petit Dauphin et son épouse les 18 et 12 février 1712.

Demi-Louis dit de « Noailles » sous Louis XV le Bien-Aimé.

Les deux fils aînés du duc de Bourgogne, les ducs de Bretagne et d'Anjou, contractent également la maladie. L'aîné, Bretagne, meurt le 8 mars 1712. Le jeune duc d'Anjou, âgé alors d'à peine deux ans, devient alors l'héritier du trône de France avec le titre de dauphin de Viennois, abrégé en dauphin. Malade, sa santé est scrutée avec attention par Louis XIV, roi vieillissant et suffisamment affecté par les pertes familiales récentes pour se laisser aller à pleurer devant ses ministres. On craint longtemps pour la santé du jeune prince, mais, petit à petit, il se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son frère[3].

En 1714, Louis est confié à un précepteur, l'abbé Perot. Celui-ci lui apprend à lire et à écrire, et lui enseigne des rudiments d'histoire et de géographie et, bien sûr, lui donne l'enseignement religieux nécessaire au futur roi très chrétien. En 1715, le jeune dauphin reçoit également un maître à danser, puis un maître à écrire. Son confesseur est le père Le Tellier.

Le jeune roi[modifier | modifier le code]

Le futur Louis XV commence sa vie publique peu de temps avant la mort de son bisaïeul Louis XIV. Le 19 février 1715, Louis XIV reçoit en effet en grande pompe dans la galerie des Glaces de Versailles l'ambassadeur de Perse. Il associe son successeur, qui vient d'avoir cinq ans, à la cérémonie, le plaçant à sa droite. En avril 1715, l'enfant participe avec le vieux roi à la cérémonie de la Cène du Jeudi saint et participe au Lavement des pieds. Il est toujours accompagné de sa gouvernante, Madame de Ventadour. Dans les derniers temps de la vie de Louis XIV, le futur roi participe à plusieurs défilés militaires et cérémonies visant à lui donner l'habitude de la vie publique[4].

Louis XV en costume de sacre.

Le 26 août, sentant la mort venir, Louis XIV fait entrer le jeune Louis dans sa chambre, l'embrasse et lui parle avec gravité de sa future tâche de roi, dans des mots qui sont par la suite passés à la postérité, qui y a vu une sorte de testament politique du grand roi et des remords concernant sa propre action :

« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela ; j'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets[5]. »

Louis XIV meurt six jours plus tard, le 1er septembre 1715.

Les 3 et 4 septembre 1715, Louis XV accomplit ses premiers actes de roi, d'abord en se rendant à la messe de requiem célébrée pour le feu roi à la chapelle de Versailles, ensuite en recevant l'assemblée du clergé venue célébrer son propre avènement. Le 12, il enchaîne sur un lit de justice, l'une des cérémonies les plus solennelles de la monarchie, le 14, sur les harangues du Grand Conseil, de l'Université de Paris et de l'Académie française, les jours suivants, sur les réceptions d'ambassadeurs venus présenter leurs condoléances, etc. Malgré son jeune âge, il doit se plier à la mécanique du gouvernement et de la cour et jouer son rôle de représentation.

Au jour anniversaire de ses sept ans le 15 février 1717, ayant atteint l'âge de raison, son éducation « passe aux hommes » : elle est désormais confiée à un gouverneur, le duc François de Villeroy (un ami d'enfance de Louis XIV et fils de Nicolas V de Villeroy, gouverneur de Louis XIV) qui lui impose tous les rituels de la Cour de Versailles mis en place par Louis XIV[6]. Il y a également un précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus. On lui apprend désormais le latin, les mathématiques, l'histoire et la géographie, la cartographie, le dessin et les rudiments d'astronomie, mais aussi la chasse. L'éducation manuelle n'est pas non plus négligée : en 1717, il apprend un peu de typographie, et en 1721, il s'initie à tourner le bois. Depuis 1719, il avait des maîtres de musique. Contrairement à Louis XIV, il n'avait que peu d'affinités pour la musique mais était attiré par l'architecture.

Régence du duc d’Orléans[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Régence (1715-1723).

La monarchie française a, depuis le Moyen Âge, fixé de manière stricte les règles de succession. Elle a cependant peu de règles concernant les régences. Ces périodes sont redoutées comme propices aux troubles à cause de la faiblesse alors présentée par le pouvoir royal. Louis XIV, voyant ses descendants mourir avant lui, a donc réglé les problèmes de régence qui allaient se poser après sa mort. Il songeait également que, le petit Louis XV étant seul de sa lignée et fragile, il fallait assurer une succession au trône. Cela entraîna donc, à la fin du règne de Louis XIV, plusieurs modifications des coutumes, et notamment le fait que les enfants bâtards de Louis XIV aient été déclarés « successibles ».

Mais le régent fait casser le testament de Louis XIV et devient le successeur potentiel de Louis XV. Le principal danger dynastique vient, pour lui, de l'Espagne, dotée d'un roi Bourbon qui, normalement, avait (par le traité d'Utrecht) renoncé à tout droit au trône, mais qui aurait bien pu évoquer l’indisponibilité de la couronne pour faire valoir ses droits en cas de décès de Louis XV sans enfant.

Louis à la croix du Saint-Esprit, 1719 Paris

Le Régent, Philippe d'Orléans, à qui Louis XIV a confié le jeune roi, est donc conduit à prendre quelques libertés avec les instructions de l'ancien roi, ce afin de protéger Louis XV et de commencer à assurer son autorité.

La première mesure prise par le Régent est de ramener Louis XV et la Cour à Paris. C'est aller contre les volontés de Louis XIV, mais se rapprocher du peuple. Le souvenir de la Fronde est encore vif, et le Régent souhaite construire un lien fort entre le peuple de Paris et le jeune roi, afin d'éviter tout trouble. Après un passage par Vincennes de septembre à décembre 1715, Louis XV s'installe au palais des Tuileries tandis que le Régent gouverne le royaume depuis le Palais-Royal. Le peuple parisien se prend alors d'affection pour ce jeune roi alors que le noblesse, désormais dispersée dans les hôtels de la capitale, jouit sans contrainte ni mesure de sa liberté[7].

Un des premiers actes politiques de Philippe d'Orléans est également sa volonté de donner des garanties au Parlement pour compenser le retour à Paris de la Cour et la liberté prise par le Régent avec les instructions de Louis XIV. Il lui redonne notamment le droit de remontrance, que Louis XIV avait fortement réduit en le cantonnant à des remontrances postérieures à la prise de décision royale. En ces temps de faiblesse du pouvoir, les parlements (et principalement le Parlement de Paris) se présentent comme des représentants du peuple, malgré la vénalité de leurs charges et leur composition quasi exclusivement issue de la noblesse de robe. Cela leur donne le pouvoir de s'opposer au Régent, notamment par des grèves, appelées « cessations d'activité ». Le premier conflit apparaît en 1717-1718, à propos des soucis financiers dus à la banqueroute de Law. Par ailleurs, entre 1715 et 1718, le gouvernement central est réorganisé: les secrétaires d'État sont supprimés et remplacés par des conseils qui redonnent un rôle politique à la haute noblesse: c'est la polysynodie. Ce système est abandonné en raison de sa lourdeur.

D'autres conflits apparaissent régulièrement, liés notamment au problème janséniste et à l'application de la Bulle Unigenitus. En rompant avec la mainmise de Louis XIV sur les droits des parlements, le Régent ouvre la porte à une ère de contestation, que Louis XV aura bien du mal ensuite à contrer.

La Régence marque aussi un changement d'alliances pour la France. Alors qu'elle avait auparavant noué une solide alliance avec l'Espagne des Bourbons, voisine géographique et alliée catholique, le Régent opte au contraire pour un éloignement d'avec l'Espagne et un rapprochement avec les puissances du nord de l'Europe, revenant à la politique du siècle précédent alors que le risque d'encerclement des Habsbourg n'existe plus. C'est ainsi qu'il renoue des contacts avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, pourtant protestants. En 1717 est formalisée la Triple alliance de La Haye, liant France, Pays-Bas et Angleterre. Ce retournement d'alliance du régent est même complété en 1718, par une alliance innovante avec l'Autriche des Habsbourg (quadruple alliance). Tout cela inquiète le roi Philippe V d'Espagne à tel point qu'il tente de faire renverser le régent par le duc du Maine et que cela entraîne une courte guerre entre la France et l'Espagne en 1719. La victoire des puissances européennes contraint l'Espagne à rejoindre leur alliance et à organiser des fiançailles ou des mariages franco-espagnols. Le roi est un temps fiancé à Marie-Anne-Victoire d'Espagne, renvoyée en Espagne par le duc de Bourbon.

Sur le plan économique, la Régence est une période de vitalité et d'expérimentations. Mais l'échec du système de Law et les réticences qui suivent concernant le crédit et l'investissement ralentissent, à terme, la modernisation de l'économie.

Las des critiques des Parlementaires qui commencent à agiter en sous-main les Parisiens et de l'hostilité de la foule qui lance injures et projectiles sur son carrosse, le Régent, sans l'annoncer officiellement, décide de faire revenir la Cour au château de Versailles. Le 15 juin 1722, Versailles redevient résidence royale et symbolise le retour à la politique louis-quatorzienne[8].

La Régence laisse ainsi au jeune roi Louis XV, lorsqu'il prend effectivement les rênes du pouvoir en 1723 un royaume à la fois héritier de la monarchie absolutiste de Louis XIV et des ouvertures parfois « fragilisantes » du Régent. Cela influence considérablement le règne de Louis XV[9].

Règne[modifier | modifier le code]

Début du règne personnel[modifier | modifier le code]

Sacre de Louis XV le 25 octobre 1722

Le jeune Louis XV est sacré et couronné à Reims le 25 octobre 1722. Il atteint sa majorité (13 ans) l'année suivante, et est déclaré majeur lors du lit de justice du 22 février 1723. Cependant, encore trop jeune pour régner par lui-même, il laisse l'exercice effectif du pouvoir tout d'abord au duc d'Orléans et au cardinal Dubois. Les deux meurent à quelques mois d'intervalle, à la fin de l'année 1723. En 1724, le Roi, probablement sous influence, signe une révision du Code noir. Destiné à la Louisiane, il s'agit d'un durcissement de la version précédente édictée par son arrière grand-père. Notamment, les mariages entre Noirs et Blancs sont interdits.

C'est le duc de Bourbon, prince du sang, qui devient alors le principal conseil du roi. Pendant que celui-ci termine son éducation et s'adonne à de nouveaux plaisirs, comme ceux de la chasse, le duc de Bourbon cherche à trouver une épouse pour le roi. La première pressentie, Marie-Anne-Victoire de Bourbon, avait été fiancée en 1721 à Louis XV, alors qu'elle n'avait que trois ans. Mais le duc de Bourbon, craignant que le jeune roi, de santé fragile, ne décède sans enfant mâle s'il fallait attendre que sa fiancée soit en âge d'avoir des enfants, et craignant alors de perdre sa place privilégiée en cas de transmission de la couronne à la branche d'Orléans, rompt les fiançailles en 1725.

La recherche d'une autre fiancée parmi les princesses d'Europe est dictée par la santé fragile du roi, qui nécessite une rapide descendance. Après avoir dressé une liste des cent princesses d'Europe à marier[10], le choix se porte sur Marie Leszczyńska, princesse catholique et fille du roi détrôné de Pologne Stanislas Leszczynski. Le mariage n'est d'abord pas très bien vu en France, la jeune reine étant perçue comme de trop faible extraction pour un roi de France. Mais les époux se plaisent (malgré les sept ans qui les séparent, Marie Leszczyńska ayant 22 ans et Louis XV seulement 15) et la reine est rapidement appréciée du peuple pour sa charité. Après un mariage par procuration le 15 août dans la cathédrale de Strasbourg afin de valoriser la province d'Alsace récemment annexée, la cérémonie du mariage est célébrée à Fontainebleau le 5 septembre 1725[11].

À la suite de ce mariage, et malgré l'insistance de la reine qui le considérait comme son mentor, Louis XV écarte le duc de Bourbon du pouvoir et l'exile dans ses terres à Chantilly. Avec cet exil, Louis XV décide également de supprimer la charge de premier ministre[12]. Il appelle auprès de lui le cardinal de Fleury, son ancien précepteur. Celui-ci commence alors auprès du roi une longue carrière à la tête du royaume, de 1726 à 1743[13].

Ministère du cardinal de Fleury[modifier | modifier le code]

Le cardinal de Fleury

Le renvoi du duc de Bourbon marque le début du règne personnel du roi adolescent. En fait, se réfugiant derrière l'ombre tutélaire du feu Louis XIV, le jeune roi, orphelin trop tôt, abandonnera la totalité du pouvoir au cardinal de Fleury, le précepteur fidèle qui avait su capter son affection. Ainsi, bien qu'instruit et désireux d'accomplir au mieux sa charge, il commence son règne le 16 juin 1726 en fixant les cadres de son gouvernement, annonçant à son "Conseil d'En Haut", outre la fin de la charge de premier ministre, sa fidélité à la politique de Louis XIV, son arrière-grand-père :

« Mon intention est que tout ce qui regarde les fonctions des charges auprès de ma personne soient sur le même pied qu'elles étaient sous le feu Roi mon bisaïeul. [...] Enfin, je veux suivre en tout l'exemple du feu Roi mon bisaïeul. ». « Je leur [aux conseillers] fixerai des heures pour un travail particulier, auquel l'ancien évêque de Fréjus [le cardinal de Fleury] assistera toujours. »[14].

De 1726 jusqu'à sa mort en 1743, le cardinal dirige donc la France aux côtés du roi. La situation est alors inédite. C'est la première fois qu'un ancien précepteur de roi devient de facto Premier ministre. Louis XV, désireux de garder auprès de lui son mentor auquel il était profondément attaché, qui avait déjà des charges importantes et en qui il avait totale confiance, donne au cardinal de Fleury pourtant septuagénaire un pouvoir extrêmement étendu. Les près de dix-sept ans où Fleury administre au jour le jour le royaume, pour l'historien Michel Antoine, « délimitent dans le règne une période caractéristique et importante, tant pour l'extension du royaume et son rayonnement dans le monde et pour les affaires intérieures, que pour l'administration, la législation et l'économie[15]. ».

Nouvelle équipe[modifier | modifier le code]

Si le cardinal de Fleury est un homme âgé en 1726 (il a soixante-treize ans), le reste des ministres et très proches conseillers du roi se renouvelle et est composé d'hommes plus jeunes qu'auparavant. Les changements sont nombreux, mais ensuite la période du ministère Fleury est marquée par une grande stabilité. Fleury fait revenir le chancelier d'Aguesseau, renvoyé en 1722. Il ne retrouve cependant pas toutes ses prérogatives, puisque les sceaux et les Affaires étrangères sont confiées à Germain Louis Chauvelin, président à mortier du Parlement de Paris. Le comte de Maurepas devient secrétaire d'État à la Marine, à vingt-cinq ans. C'est la période la plus pacifique et prospère du règne de Louis XV, malgré d'importants troubles avec le parlement de Paris et les jansénistes. Après les pertes humaines et financières subies à la fin du règne de Louis XIV, puis lors de l'établissement de nouveaux systèmes financiers français, le gouvernement de Fleury a souvent été qualifié de « réparateur ». Il est difficile de déterminer avec exactitude le degré d'intervention du roi dans les décisions de Fleury, mais il est certain que Louis XV a soutenu sans relâche son mentor et qu'il n'est jamais allé véritablement contre ses volontés. Pour Michel Antoine, Louis XV, extrêmement timide, « resta pratiquement en tutelle jusqu'à l'âge de trente-deux ans[16] ».

Avec l'aide des contrôleurs généraux des finances Michel Robert Le Peletier des Forts (1726-1730) et surtout Philibert Orry (1730-1745), "Monsieur le Cardinal" parvint à stabiliser la monnaie française (1726), en nettoyant le système financier de Law, et finit par équilibrer le budget du royaume en 1738. L'expansion économique était au cœur des préoccupations du gouvernement. Les voies de communications furent améliorées, avec l'achèvement en 1738 du canal de Saint-Quentin, reliant l'Oise à la Somme, étendu ultérieurement vers l'Escaut et les Pays-Bas, et principalement la construction systématique d'un réseau routier sur l'ensemble du territoire national. Le corps des Ingénieurs des ponts et chaussées construisit un ensemble de routes modernes, partant de Paris selon le schéma en étoile qui forme encore l'ossature des routes nationales actuelles. Au milieu du XVIIIe siècle, la France s'était dotée de l'infrastructure routière la plus moderne et la plus étendue du monde. Le commerce fut également stimulé par le Bureau et le Conseil du Commerce. Le commerce maritime extérieur de la France grimpa de 80 à 308 millions de livres entre 1716 et 1748. Cependant, les lois rigides édictées auparavant par Colbert ne permirent pas à l'industrie de profiter pleinement de ce progrès économique.

Le pouvoir de la monarchie absolue s'exerça lors de la répression des oppositions jansénistes et gallicanes. L'agitation causée par les illuminés du cimetière Saint-Médard à Paris (les Convulsionnaires, un groupe de jansénistes qui prétendait que des miracles survenaient dans le cimetière) cessa en 1732. Sur un autre front, après l'exil de 139 parlementaires en province, le parlement de Paris dut enregistrer la bulle papale Unigenitus et fut dorénavant interdit de s'occuper des affaires religieuses.

Acquisition de la Lorraine et du Barrois[modifier | modifier le code]

La reine Marie Leszcynska

En ce qui concerne les affaires étrangères, Fleury a recherché la paix à tout prix en pratiquant une politique d'alliance avec la Grande-Bretagne, tout en se réconciliant avec l'Espagne. En septembre 1729, après sa troisième grossesse, la reine donna enfin naissance à un garçon, Louis Ferdinand, qui devint aussitôt dauphin. L'arrivée d'un héritier mâle, qui assurait la pérennité de la dynastie, fut accueillie avec une immense joie et célébrée dans toutes les sphères de la société française et également dans la plupart des cours européennes. Le couple royal était à l'époque très uni, se manifestait un amour réciproque et le jeune roi était extrêmement populaire. La naissance d'un garçon écartait également le risque d'une crise de succession et le probable affrontement avec l'Espagne qui en aurait résulté.

En 1733, malgré la politique pacifiste de Fleury, le roi, convaincu par son secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Germain Louis Chauvelin (1727-1737), intervint mollement pour tenter de remettre sur le trône de Pologne Stanislas Leszczyński, son beau-père qu'il hébergeait à Chambord. Ce fut la guerre de Succession de Pologne. Si l'intervention sans conviction de la France contre l'Autriche ne permit pas de renverser le cours de la guerre ni de rendre le trône à Stanislas, en revanche, l'habileté du cardinal de Fleury réussit à programmer le rattachement des duchés de Lorraine et de Bar au Royaume, stratégiquement situés entre Paris et le Rhin.

Ces duchés furent, en effet, le principal enjeu de la guerre: ils étaient possession du jeune duc François III, fils du duc Léopold Ier et d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans, sœur du feu régent, qui en assurait la régence. François III, en effet, vivait à Vienne où il avait été appelé par son proche parent, empereur du Saint-Empire Charles VI, qui l'avait nommé vice-roi de Hongrie en 1731, prémices d'une carrière plus prometteuse, puisqu'il le pressentait pour épouser sa fille aînée et héritière Marie-Thérèse. Une telle union aurait considérablement renforcé la puissance autrichienne qui possédait déjà aux frontières de la France, les Provinces belges et le Luxembourg. L'empire aurait protégé ainsi la route du Rhin et se rapprochait dangereusement de Paris.

Lors de la guerre, les troupes françaises occupèrent rapidement le Barrois et la Lorraine. La paix fut signée dès 1735. Fleury trouva un habile arrangement : par le traité de Vienne (novembre 1738), le beau-père de Louis XV obtint à titre viager les duchés de Lorraine et de Bar en compensation de la seconde perte de son trône polonais (avec l'objectif que le duché soit intégré au royaume de France à sa mort par le biais de sa fille), tandis que le duc François III devenait héritier du grand duché de Toscane avant d'épouser la jeune Marie-Thérèse et de pouvoir prétendre à la couronne impériale (en Toscane le dernier des Médicis n'avait pas d'héritier). Par le traité secret de Meudon, Stanislas abandonnait la réalité du pouvoir à un intendant nommé par la France qui préparerait sans ménagement la réunion des duchés au royaume. Cette guerre, peu coûteuse comparativement aux ponctions humaines et financières exorbitantes des campagnes de Louis XIV, était un succès pour la diplomatie française. L'annexion de la Lorraine et du Barrois, effective en 1766 à la mort de Stanislas, constitue la dernière expansion territoriale du royaume de France sur le continent avant la Révolution.

Peu après ce résultat, la médiation française dans le conflit entre le Saint-Empire et l'Empire ottoman aboutit au traité de Belgrade (septembre 1739), qui mit fin à la guerre avec un avantage pour les Ottomans, alliés traditionnels des Français contre les Habsbourg depuis le début du XVIe siècle. En conséquence, l'Empire ottoman renouvela les capitulations françaises, qui affirmèrent la suprématie commerciale du royaume au Moyen-Orient. Après tous ces succès, le prestige de Louis XV, arbitre de l'Europe, atteignit son sommet.

Guerre de Succession d'Autriche[modifier | modifier le code]

En 1740, la mort de l'empereur Charles VI et l'avènement de sa fille Marie-Thérèse déclencha la guerre de Succession d'Autriche. Le vieux cardinal de Fleury n'avait plus la force de s'y opposer et le roi succomba à la pression du parti anti-autrichien de la cour : il entra en guerre en 1741 en s'alliant à la Prusse contre les Autrichiens, les Britanniques et les Hollandais. Ce conflit devait durer sept longues années. La France était de nouveau entrée dans un cycle guerrier typique du règne de Louis XIV. Fleury mourut avant la fin de la guerre, en janvier 1743. Le roi, suivant finalement l'exemple de son prédécesseur, décida alors de gouverner sans Premier ministre. La première partie du conflit fut marquée par de cuisants échecs : la Bavière, soutenue par la France, fut envahie par les troupes autrichiennes et les troupes des Habsbourg se trouvaient sur le Rhin. Seule l'intervention de la Prusse les obligea à renoncer à l'Alsace.

Louis XV en armure. Carle van Loo (1750), Musée des beaux-arts de Dijon

Par contraste, la dernière partie de la guerre fut marquée par une série de victoires françaises aux Pays-Bas : bataille de Fontenoy (1745), bataille de Rocourt (1746), bataille de Lauffeld (1747). En particulier, la bataille de Fontenoy, remportée par le maréchal de Saxe et le roi en personne, est considérée comme une des plus éclatantes victoires des Français contre les Britanniques. À la suite de ces victoires, la France occupait tout le territoire de l'actuelle Belgique et se trouvait en position d'envahir la Hollande avec la chute de la forteresse de Berg-op-Zoom. Louis XV n'était pas loin de réaliser le vieux rêve français d'établir la frontière septentrionale du pays le long du Rhin. La bataille de Plaisance, perdue en 1746 par le marquis de Maillebois, força toutefois les Français à repasser les Alpes, mais sans grandes conséquences politiques car le front essentiel se situait aux Pays-Bas.

Sur mer, la marine royale, qui combattait pourtant à un contre deux[17] contre la Royal Navy fit mieux que de se défendre puisqu'elle réussit, entre 1744 et 1746, à maintenir ouvertes les lignes de communication vers les colonies et à protéger les convois commerciaux. La bataille du cap Sicié permettait de lever le blocus de Toulon. Deux tentatives de débarquement en Angleterre échouaient en 1744 et 1746, de même qu'une attaque anglaise débarquement contre Lorient en 1746. En Amérique du Nord, l'Angleterre s'empara en 1745 de Louisbourg qui défendait l'entrée du fleuve Saint-Laurent, mais sans pouvoir envahir le Canada français. Aux Indes, les Français tinrent en échec la flotte anglaise et mirent la main en 1746 sur Madras, le principal poste anglais dans la région. Ils repoussèrent ensuite une flotte anglaise venue reconquérir la place et attaquer Pondichéry. La marine anglaise, qui changea de stratégie en 1746 en imposant un blocus près des côtes, fit subir à la marine française en 1747 deux lourdes défaites dans l'Atlantique (au cap Ortégal, en mai et au cap Finisterre, en octobre), mais sans conséquences sur la prospérité coloniale de la France car la paix était signée peu après.

Au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, la France et l'Angleterre se resituaient leurs conquêtes respectives (Louisbourg contre Madras) ce qui créait, pour quelques années, un équilibre naval entre les deux pays. Le roi rendit cependant toutes ses conquêtes à l'Autriche, à l'indignation du peuple, la consternation de ses généraux et à la surprise des puissances européennes. Louis XV, qui n'avait pas le tempérament belliqueux de son prédécesseur, avait aussi compris que jamais l'Angleterre ne laisserait les ports belges devenir français et que le temps était venu de contrecarrer les nouvelles puissances émergentes protestantes (Angleterre, Prusse) pour sauvegarder l'ordre ancien représenté par la France et l'Autriche catholiques. Alors que Lois XIV avait eu l'ambition de « remettre la France partout où jadis fut la Gaule »[réf. nécessaire], son successeur se satisfaisait d'un royaume hexagonal, qu'il nommait son pré carré. Il préférait cultiver ce pré carré que de chercher à l'étendre. Les seuls changements notables en Europe furent l'annexion par la Prusse de la Silésie, riche région minière austro-bohême, et le retour du minuscule duché de Parme à la dernière des Farnèse, la reine douairière d'Espagne; le duché fut attribuée au fils cadet de celle-ci, l'infant Philippe, gendre depuis 1739 de Louis XV. Louis déclara qu'il avait conclu la paix « en roi et non en marchand ». Sa générosité fut saluée en Europe dont il devint l'arbitre.

Portrait adulte[modifier | modifier le code]

Louis XV

Physiquement, Louis XV est beau, grand (1,77 m selon ses médecins), d'une constitution athlétique, la taille cambrée et le maintien droit ; il émane de sa personne une autorité naturelle qui impressionne fortement ceux qui le voient pour la première fois[réf. souhaitée][Qui ?]. Passionné de chasse, il s'y rend chaque jour, sauf les dimanches et fêtes. Il connaît parfaitement tous les chiens de sa meute, à laquelle il prodigue des soins attentifs, au point de faire aménager dans ses appartements du château de Versailles le cabinet des chiens. Il aime l'exercice physique, la vitesse, et mener ses chevaux au grand galop. Pour faciliter ses courses, il fait réaménager les forêts d'Île-de-France avec les pattes d'oie qui subsistent actuellement. D'esprit vif, il a un jugement prompt et sûr. Sa mémoire est grande, et il se rappelle avec précision une foule de détails sur les Cours étrangères, qui étonnent les ambassadeurs. Il aime lire, et les résidences royales sont équipées de bibliothèques : Versailles mais aussi Choisy-le-Roi, comme Fontainebleau et Compiègne. Malgré sa clairvoyance et sa lucidité, il doute en permanence de ses capacités, et préfère suivre l'avis d'un conseiller en dépit de son opinion : c'est ainsi que, contre son opinion, il engage la France dans la guerre de Sept Ans.

Méfiant voire méprisant pour les gens de lettres, sa curiosité le porte vers les connaissances scientifiques et techniques. Il observe avec les astronomes les plus réputés les éclipses des planètes. Ses connaissances en médecine lui permettent d'avoir des conversations suivies avec les grands médecins de son temps sur les découvertes récentes. Il fait aménager au Trianon un jardin botanique qui, avec 4 000 espèces, sera le plus important d'Europe. Enfin, passionné de géographie, il encourage le travail des géographes, et est à l'origine de la réalisation de la carte de Cassini. Il possède, en outre, une grande connaissance de l'histoire du royaume, et étonne ses interlocuteurs par la précision de ses connaissances liturgiques. Capable de beaucoup de bienveillance, il peut aussi se montrer cassant. Il est sujet à des accès de neurasthénie, où il s'enferme dans un mutisme complet. Son entourage est très attentif à l'humeur du roi quand il faut traiter d'affaires importantes. Il est d'une timidité quasi maladive, ce qui le fait paraître froid et distant. Sa voix mal posée et rauque l'encombre, et, lors des cérémonies officielles, il demande souvent que son discours soit lu par un de ses ministres.

Louis XV, pastel de Quentin de La Tour, 1748

Louis le Bien-Aimé[modifier | modifier le code]

À la mort du cardinal de Fleury en 1743, le roi avait 33 ans. Il avait connu des années heureuses avec la reine qui l'adulait et lui était entièrement dévouée. Un enfant naissait presque chaque année. Cependant, la reine finit par se fatiguer de ces grossesses à répétition, autant que le roi se lassait de l'amour inconditionnel de son épouse. De plus, la plupart de leurs enfants étaient de sexe féminin, ce qui finit par indisposer le roi. Sur leurs dix enfants, ils n'eurent que deux garçons et un seul survécut, le dauphin.

En 1734, pour la première fois, la reine se plaignit à son père des infidélités du roi. Le roi tomba amoureux de la comtesse de Mailly, puis de sa jeune sœur, la comtesse de Vintimille, puis à sa mort d'une autre de leurs sœurs, la marquise de Tournelle qu'il fit duchesse de Châteauroux. Il rencontrait généralement ces dames dans l'entourage de la reine qui se réfugia alors dans la religion, les œuvres de charité et la vie familiale. Pour des raisons d'économie, le cardinal de Fleury avait confié l'éducation des plus jeunes filles du couple royal aux religieuses (toutes nobles) de l'abbaye de Fontevraud. Une des princesses, Madame Sixième, y mourut à l'âge de 8 ans, les autres princesses revinrent à la cour entre 1748 et 1750. Les enfants royaux prirent le parti de leur mère.

Épisode de Metz[modifier | modifier le code]

Un an après la mort de Fleury, se produisit un événement qui allait marquer la personnalité du roi et la suite de la vie politique française : « L'épisode de Metz ». Louis XV était parti diriger ses armées engagées sur le front de l'est dans la guerre de succession autrichienne. Le 4 août 1744, à Metz, il tomba gravement malade d'une fièvre subite et inexpliquée, une "fièvre maligne" d'après les médecins de l'époque. En hâte, les médecins parisiens sont amenés auprès de Louis XV, dont l'état est préoccupant : le chirurgien royal, François de La Peyronie, pratique des saignées, et François Chicoyneau, médecin à la Cour, multiplie les médications. Mais le patient continue de voir son état empirer d'heure en heure, et le 12, le chirurgien déclara que le roi n'en avait que pour deux jours. Le 15 août, Louis XV reçoit l'extrême-onction[18].

Les prières se multiplièrent à travers le pays pour son salut. Sa maîtresse, Madame de Châteauroux, qui l'avait accompagné, dut le quitter tandis que la reine arrivait en hâte. C'est à cette période que le roi fait le vœu de faire construire une église dédiée à Sainte Geneviève, dans le cas où il guérirait[19].

Sous la pression du parti dévot, Monseigneur de Fitz-James, premier aumônier du roi, refusa de lui donner l'absolution sans une confession publique de ses péchés dans laquelle le roi apparaissait comme une personne immorale, indigne de porter le titre de Roi Très Chrétien. Colportée dans tout le pays par le clergé, la confession royale ternit le prestige de la monarchie. Pendant ce temps, les dévots, fort maladroitement, plaçaient ostensiblement un second oreiller dans le lit de la reine et poussaient celle-ci, pourtant quadragénaire, à s'habiller comme une adolescente, abusant du rouge et des parfums, ce qui seyait peu à une femme de son âge.

En désespoir de cause, on fit appel à un médecin juif, Isaïe Cervus Ullmann qui sauva le roi de sa dysenterie[20]. D'après Tribout de Morembert[21], le médecin Esaias Cervus Ulman eut l'honneur de remettre sur pied Louis XV lors de sa grave maladie, mais comme il était impensable que le roi Très Chrétien ait été guéri par un juif, on découvrit un vieux médecin pensionné du régiment d'Alsace, Alexandre de Montcharvaux, à qui on fit endosser la guérison. D'après Chaffanjon[22], Cervus Isaie Ulmann, alias Isaye Cerf, est le médecin qui donna des soins à Louis XV ; celui-ci le dispensa en retour du paiement de l’impôt et de loger chez lui des officiers de la garnison.

Le roi échappa ainsi à la mort et, à la suite de la messe d'action de grâce célébrée en l'église Notre-Dame de Metz en présence de la famille royale, le pays tout entier reprit les qualificatifs du célébrant et appela le roi Louis le Bien-Aimé. Louis XV donne ses indications pour faire construire l'église qu'il avait promise en cas de guérison ; elle deviendra le Panthéon[19].

Cependant Louis XV, en tant que roi, avait ressenti douloureusement l'humiliation que lui avait infligée le parti dévot. De retour à Versailles, il démit Monseigneur de Fitz-James de ses fonctions d'aumônier, l'exila dans son diocèse et rappela Madame de Châteauroux, mais celle-ci mourut avant sa rentrée en grâce officielle. Le roi, bien que sa vie sexuelle déréglée le fît souffrir d'un profond sentiment de culpabilité, ne renoua pas avec la reine.

Marquise de Pompadour[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Madame de Pompadour.

Jeanne Le Normant d'Étiolles, née Poisson, rencontrée en 1745 lors du bal masqué donné à l'occasion du mariage du dauphin Louis-Ferdinand, devint la favorite la plus célèbre du règne. Le roi, pour lui permettre d'être présentée à la cour et de devenir dame d'honneur de la reine, lui attribua une terre limousine tombée en déshérence : le marquisat de Pompadour. Fille d'un financier, elle était plutôt belle, cultivée, intelligente et sincèrement attachée au roi, mais avait contre elle d'appartenir au Tiers état, étant une bourgeoise proche des milieux financiers, ce que la cour et le peuple ne pardonnèrent pas : les maîtresses officielles de Louis XIV, et celles de Louis XV jusqu'à présent, choisies dans les hautes sphères de l'aristocratie, avaient été d'autant plus tolérées qu'elles n'exerçaient aucune influence sur le gouvernement (à l'exception de Madame de Maintenon).

Le fait que le roi se commette avec une roturière provoqua un scandale orchestré par l'aristocratie, qui se sentait humiliée de l'influence grandissante de la bourgeoisie dans la société, et reprise par le peuple qui haïssait le monde de la finance qui l'exploitait... Parurent bientôt des chansons et des pamphlets injurieux appelés « Poissonades » (par allusion aux « mazarinades » du siècle précédent, le nom de jeune fille de la marquise étant Poisson), qui la brocardaient comme dans l'exemple suivant :

« Fille de sangsue et sangsue elle-même
Poisson d'une arrogance extrême
Étale en ce château sans crainte et sans effroi
La substance du peuple et la honte du Roi[23] »

Malgré ces critiques, la marquise de Pompadour eut une influence indéniable sur l'épanouissement des Arts durant le règne de Louis XV. Véritable mécène, la Marquise amassa une imposante collection de meubles et d'objets d'art dans ses diverses propriétés. Elle fut responsable du développement de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et ses commandes assurèrent leur subsistance à de nombreux artistes et artisans. Elle joua également un rôle important en architecture, étant à l'origine de la construction de la place Louis XV (aujourd'hui place de la Concorde), et de l'École militaire de Paris, réalisées par Ange-Jacques Gabriel, un de ses protégés. La Marquise défendit également le projet de l'Encyclopédie contre les attaques de l'Église. À sa manière, elle fut représentative de l'évolution des mentalités lors de ce siècle des Lumières, bien qu'elle ne parvienne pas complètement à convertir le roi à ses vues. L'étalage de tout ce luxe dans ses propriétés lui valut bien des reproches, bien que sa famille, très riche, fournît également une aide financière au gouvernement et sauvât la monarchie de la banqueroute.

La marquise de Pompadour était officiellement logée au troisième niveau du château de Versailles, au-dessus des appartements du roi. Elle y organisait des soupers intimes avec des invités choisis, où le roi oubliait les obligations de la cour qui l'ennuyaient. De santé fragile, et supposée frigide, la marquise devint dès 1750 une simple mais véritable amie et confidente, après avoir été amante, et elle parvint à conserver ses relations privilégiées avec le roi, jusqu'à sa mort, ce qui est exceptionnel dans les annales des maîtresses royales. Ne pouvant satisfaire la sensualité du roi et pour éviter d'être évincée par une rivale potentielle (ce qui fut sa hantise jusqu'à la fin de sa vie), elle se chargea de « fournir » discrètement au roi, avec l'accord de leur famille (bien rémunérée), des jeunes filles peu farouches, de petite vertu et de peu d'intelligence qui, occupant les sens du roi, n'occupaient en revanche ni son cœur ni son esprit. Ainsi la marquise conservait son influence sur le roi... Les rencontres se faisaient après le passage des jeunes filles dans un lieu dont le nom seul offrait au fantasme et aux ragots : le parc-aux-cerfs.

Après 1750 donc, Louis XV, qui venait d'avoir 40 ans, s'engagea dans une série d'histoires sentimentales et sexuelles de courte durée, la plus connue étant celle avec Marie-Louise O'Murphy. Le pavillon du parc-aux-cerfs servit à abriter ces amours éphémères : les jeunes filles y étaient examinées par un médecin avant d'être menées discrètement dans la chambre du roi. La légende a exagéré les événements qui s'y sont passés, contribuant à assombrir la réputation du souverain. Cette image de roi vieillissant et libidineux accaparé par ses conquêtes féminines ne le quittera plus et entachera sa mémoire, bien qu'il n'ait été guère différent de François Ier ou de Henri IV de ce point de vue.

Impopularité et attentat de Damiens[modifier | modifier le code]

La popularité du roi pâtit largement des suites de la guerre de Succession d'Autriche. Les Français avaient pardonné à Louis XIV ses impôts, ses maîtresses et ses dépenses fastueuses, celui-ci ayant toujours su donner à ses fins de guerres des allures de victoires. De la même façon, pour Louis XV, les scènes de Metz (1744) comptaient peu aux yeux de la population en regard des victoires de la guerre de succession autrichienne. Mais la nouvelle de l'abandon des Pays-Bas à l'Autriche — en opposition avec les intérêts français tels que les avaient définis Richelieu puis Louis XIV — fut accueillie avec incrédulité et amertume. Les Parisiens utilisèrent l'expression « bête comme la paix ». On avait "travaillé pour le roi de Prusse". Tant d'efforts et de vies humaines pour donner une couronne — minuscule — à la fille du roi, alors que la couronne impériale était conservée par les Habsbourg puisque l'ex-duc de Lorraine, époux de la reine de Hongrie avait été élu empereur en 1745. La montagne avait accouché d'une souris.

On peut à ce titre considérer que 1748 fut marquée par la première manifestation d'une opinion publique française, portée par un nationalisme émergeant que le monarque n'avait pas compris. La présence aux côtés du roi de la marquise de Pompadour, fortement décriée par l'aristocratie curiale qui n'hésitait pas à faire courir les bruits les plus ignobles qui, sortant du palais, atteignaient le peuple, donnait du roi l'image d'un jouisseur égoïste uniquement préoccupé de ses plaisirs. Le mécontentement s'amplifiait, alimenté par le train de vie de la Cour et ce qui était perçu comme une incompétence du roi à gouverner. En se replaçant dans une perspective historique, il apparaît que Louis XV n'était pas incompétent, bien qu'il manquât certainement de volonté. D'autre part, les dépenses de la cour n'étaient pas spécialement élevées, comparées à celles des précédents monarques français, ou encore d'autres cours européennes, comme celle de Russie qui dépensait des sommes astronomiques pour construire les palais de Saint-Pétersbourg. Pourtant, telle était la perception qu'en avait le peuple de France, également influencé par la campagne violente à l'encontre de la marquise de Pompadour.

Peut-être est-ce ce contexte qui poussa Robert-François Damiens — domestique chez plusieurs conseillers du Parlement — à essayer de tuer le roi. Le 5 janvier 1757, Damiens loua épée et chapeau dans une boutique sur la place d'armes devant le château pour se faire passer pour noble[24], entra au palais de Versailles, parmi les milliers de personnes qui essayaient d'obtenir des audiences royales. Vers 18 heures, le roi revenait de visiter sa fille qui était souffrante et s'apprêtait à entrer dans son carrosse pour retourner à Trianon, quand Damiens franchit la haie de gardes et le frappa avec une lame de 8,1 cm. Louis XV portait d'épais vêtements d'hiver et la lame ne pénétra que d'un centimètre, entre les 4e et 5e côtes. Cependant, on craignait un éventuel empoisonnement. On tortura à plusieurs reprises Damiens, pour savoir s'il avait des complices, mais il apparaît que cet homme, serviteur de membres du parlement de Paris, était un déséquilibré qui avait surtout entendu beaucoup de discours critiques à l'encontre du roi. Louis XV était plutôt enclin à pardonner, mais il s'agissait de la première tentative de meurtre sur un monarque français depuis l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac en 1610, et il dut accepter un procès pour régicide. Jugé par le parlement de Paris, Damiens fut exécuté le 28 mars 1757 sur la place de Grève, dans des conditions effroyables. La main qui avait tenu le couteau fut brûlée avec du soufre, on lui entailla ensuite les membres et la poitrine avant d'y introduire du plomb fondu, ses quatre membres furent arrachés par des chevaux (écartèlement) et son tronc finalement jeté aux flammes. Une foule immense assista à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève furent loués jusqu'à 100 livres (la paye d'un ouvrier pour 10 mois de travail).

Le roi était déjà si impopulaire que l'élan de sympathie provoqué par cette tentative de meurtre disparut rapidement avec l'exécution de Damiens, dont l'inhumanité pourtant laissa le parti philosophique de marbre. Louis XV lui-même n'y était pas pour grand-chose, les détails de cette horrible mise à mort ayant été élaborés par le parlement de Paris, peut-être avec le souci de se réconcilier avec le monarque. Mais plus que tout, le peuple ne pardonnait pas au roi de ne pas s'être séparé de la Pompadour. L'ambassadeur d'Autriche écrivait à Vienne : « le mécontentement public est général. Toutes les conversations tournent autour du poison et de la mort. Le long de la galerie des Glaces apparaissent des affiches menaçant la vie du roi ». Louis XV, qui avait conservé un calme royal le jour de la tentative d'assassinat, parut profondément affecté et déprimé dans les semaines qui suivirent. Toutes les tentatives de réformes furent abandonnées. Sur la proposition de la marquise de Pompadour, il renvoya deux de ses ministres les plus décriés, le comte d'Argenson (secrétaire d'État à la Guerre) et Machault d'Arnouville (Garde des Sceaux et précédemment contrôleur général des finances), et introduisit Choiseul dans le gouvernement. Du roi « Bien-aimé », Louis XV s'affligeait et reconnaissait qu'il était désormais devenu le « Bien-haï »[25].

Inauguré en 1763 sur la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), un monument comportant la statue du roi à cheval fut commandé à Edmé Bouchardon et achevé par Jean-Baptiste Pigalle. Son piédestal était soutenu par les statues des quatre Vertus. Peu de temps après l'inauguration, on trouva sur le piédestal un distique, tracé d'une main inconnue, qui témoigne de l’impopularité du roi : « Grotesque monument / Infâme piédestal / Les vertus sont à pied / Le vice est à cheval. ». Autre version : Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal, / Les vertus sont à pied et le vice à cheval...[26]

Résistances intérieures et déboires de la politique extérieure[modifier | modifier le code]

Affaire du Vingtième[modifier | modifier le code]

Toutes ces histoires amoureuses n'empêchaient pas Louis XV de travailler, mais il lui manquait l'inépuisable énergie de son arrière-grand-père. Pendant les dix-sept années du gouvernement de Fleury, il avait formé son jugement mais n'avait pu forger sa volonté. Décidé à diriger seul le royaume, il s'évertuait à suivre les instructions de son aïeul : « Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez ». Cependant, il n'avait pas assez confiance en lui pour appliquer efficacement ce précepte. Sa correspondance politique révèle sa profonde connaissance des affaires publiques et la justesse de son raisonnement. Il éprouvait en revanche des difficultés à décider, et quand il y était obligé, se montrait comme tous les timides, brutal.

Amical et compréhensif avec ses ministres, du moins en apparence, sa disgrâce tombait soudainement, sans prévenir, sur ceux qu'il estimait l'avoir desservi. Sa direction était souple, les ministres ayant une grande indépendance, mais il leur était difficile de savoir si leurs actions convenaient au souverain. La plupart du travail gouvernemental s'effectuait dans des comités auxquels le roi ne participait pas, ce dernier siégeant dans le Conseil d'en haut, créé par Louis XIV, chargé des secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre. Divers partis s'affrontaient, celui des dévots, dirigé par le comte d'Argenson, secrétaire d'État à la Guerre, opposé à celui du parti philosophique emmené par Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, contrôleur général des finances, et soutenu par la marquise de Pompadour, qui agissait comme un ministre sans portefeuille. Appuyée par de puissants financiers (les frères Pâris Duverney et Pâris de Montmartel…), elle obtint du roi la nomination de certains ministres (Bernis, secrétaire d'État des Affaires étrangères en 1757) autant que leur révocation (Orry, contrôleur général des finances en 1745 malgré ses quinze ans de loyaux services et efficaces ; Maurepas, secrétaire d'État de la Marine en 1749). Sur son conseil, le roi approuva la politique de justice fiscale de Machault d'Arnouville. Afin de combler le déficit du royaume, qui s'élevait à 100 millions de livres en 1745, Machault d'Arnouville créa un impôt prélevant un vingtième des revenus, qui concernait également les privilégiés (édit de Marly, 1749). Cette brèche dans le statut privilégié du clergé et de la noblesse, traditionnellement dispensés, les premiers effectuant un « don gratuit » au trésor et s'occupant des pauvres et de l'enseignement, les seconds payant « l'impôt du sang » sur les champs de bataille, était une première dans l'histoire de France, bien qu'elle ait été déjà envisagée par des esprits visionnaires comme Vauban au temps de Louis XIV.

Cette nouvelle taxe fut accueillie avec hostilité par les états provinciaux qui avaient encore le pouvoir de décider de leur politique fiscale. Le clergé et le parlement s'opposèrent également violemment au nouvel impôt. Pressé par son entourage et par la cour, Louis XV abandonna la partie et en exempta le clergé en 1751. Finalement, le « vingtième » finit par se fondre dans une augmentation de la taille, qui ne touchait pas les classes privilégiées. Ce fut la première défaite de la « guerre de l'impôt » engagée contre les privilégiés.

À la suite de cette tentative de réforme, le parlement de Paris, s'emparant du prétexte de la querelle entre le clergé et les jansénistes, adressa des remontrances au roi (avril 1753). Le parlement, constitué d'aristocrates privilégiés et de roturiers anoblis, s'y proclamait le « défenseur naturel des lois fondamentales du royaume » contre l'arbitraire de la monarchie et présentait le roi comme un tyran.

Bannissement des Jésuites[modifier | modifier le code]

L'opposition aux Jésuites était menée par une curieuse alliance contre nature des jansénistes avec les gallicans, les philosophes et les encyclopédistes. Après la faillite commerciale de l'établissement dirigé par le père Antoine Lavalette, qui finançait les missions jésuites aux Caraïbes (la Martinique), le parlement, saisi par les créanciers, confirma en appel le 8 mai 1761 un jugement ordonnant le paiement de ses dettes par les Jésuites de France, sous peine de saisie de leurs biens.

Il s'ensuivit toute une série d'actions qui allaient aboutir à leur bannissement. Sous la direction de l'abbé de Chauvelin, le 17 avril 1762, le texte des Constitutions de l'Ordre fut épluché par le parlement. On mit en exergue des écrits de théologiens jésuites, afin de les accuser d'enseigner toutes sortes d'erreurs et de considérations immorales. Le 6 août, un arrêt ordonnait la dissolution de l'ordre, mais un délai de huit mois leur fut accordé par Louis XV. Après que le pape eut refusé un compromis permettant de rendre les constitutions de l'ordre compatibles avec les lois du royaume, les parlements votèrent les uns après les autres la suppression de l'ordre dans leur ressort respectif. Seuls les parlements de Besançon et de Douai s'y refusèrent. Les collèges furent fermés d'autorité le 1er avril 1763. À la fin novembre 1764, Louis XV signa un acte de bannissement complet de l'ordre dans tout le royaume afin de protéger les Jésuites en tant qu'individus des poursuites judiciaires que les parlements entendaient entreprendre contre eux. Seuls les prêtres qui acceptaient de se placer sous l'autorité d'un évêque étaient autorisés à rester sur le sol français. La plupart choisirent de partir en exil.

Renversement des alliances[modifier | modifier le code]

De plus, en 1756, le roi opéra un renversement d'alliance impromptu en rupture avec l'alliance franco-prussienne traditionnelle. Un nouveau conflit européen était en préparation, la paix d'Aix-la-Chapelle ne constituant qu'une sorte de trêve. Les Britanniques et les Français se battaient déjà en Amérique du Nord, sans déclaration de guerre. En 1755, les Britanniques s'emparèrent de 300 navires marchands français violant plusieurs traités internationaux. Quelques mois plus tard, le 16 janvier 1756, le Royaume-Uni et la Prusse signèrent un traité de « neutralité ». À Paris et Versailles, le parti philosophique et la marquise de Pompadour furent déçus de cette trahison du roi Frédéric II de Prusse, qui était auparavant considéré comme un souverain éclairé, ami des philosophes. Frédéric II avait même accueilli Voltaire à Potsdam quand ce dernier s'était retrouvé en disgrâce à la suite des manœuvres du parti dévot. Mais Frédéric II était surtout animé par des motifs politiques dans le but de consolider la puissance prussienne. Il avait déjà abandonné ses alliés français en signant des traités séparés avec l'Autriche en 1742 et 1745. La marquise de Pompadour n'appréciait pas Frédéric II, snob et misogyne, qui la tenait dans le plus grand mépris, allant jusqu'à appeler un de ses chiens « Pompadour ». Pendant la même période, les responsables français commencèrent à percevoir le déclin relatif de l'Empire autrichien, qui ne représentait plus le même danger qu'au début de la dynastie Habsbourg, aux XVIe et XVIIe siècles, alors qu'ils contrôlaient l'Espagne et la plus grande partie de l'Europe. La Prusse apparaissait maintenant comme la puissance émergente la plus menaçante. C'est dans ce contexte que la marquise de Pompadour et le parti philosophique convainquirent le roi de l'intérêt de ce retournement d'alliances. Par le traité de Versailles signé le 1er avril 1756, le roi, contre l'avis de ses ministres, s'allia avec l'Autriche en mettant fin à deux siècles de conflit avec les Habsbourg.

À la fin du mois d'août 1756, Frédéric II envahit la Saxe sans déclaration de guerre et vainquit facilement les armées saxonnes et autrichiennes, mal préparées. Le sort réservé à la famille électrice de Saxe fut particulièrement brutal, l'électrice Marie-Josèphe succombant à ces mauvais traitements. Ces exactions choquèrent l'Europe et particulièrement la France. La femme du dauphin, sœur du prince François-Xavier de Saxe, fille de l'électeur et de l'électrice de Saxe, fit une fausse couche en apprenant la nouvelle. Louis XV se trouva contraint d'entrer en guerre. Entre-temps, la Grande-Bretagne avait déjà déclaré la guerre à la France le 18 mai 1756. Ce sera la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui aura des conséquences importantes en Grande-Bretagne et en France.

Traité de Paris et la perte de la Nouvelle-France[modifier | modifier le code]

L'ascension de Choiseul, sous l'influence de la marquise de Pompadour, marque une certaine victoire du parti philosophique. Fait pair de France, le nouvel homme fort du gouvernement autorise la publication de l'Encyclopédie et contribue à la dissolution des Jésuites. Il réforme la structure de la marine et de l'armée et essaye d'étendre les colonies françaises dans les Antilles.

Avec le désastre de Rossbach, les nombreuses défaites dans les colonies et la perte des îles du littoral (Belle-Île, etc.), Choiseul, successivement à la tête de la diplomatie et du ministère de la Guerre et de la Marine, cherche à arrêter rapidement la guerre. Le traité de Paris (1763) reconnaît une importante défaite française avec la perte de la Nouvelle-France et de l'Inde au profit des Britanniques. Cependant, la France récupère ses comptoirs et les îles des Antilles, indispensables à la vitalité de son commerce.

Expédition de Corse[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Histoire de la Corse.

Celle-ci est l'aboutissement de quarante années de révolte dans l'île (1729-1769) et de près de trente ans de présence française dans l'île (1738-1768) à des fins de pacification pour la république de Gênes. Avec la convention de Versailles, en 1738, la France obtient le droit d'intervenir en Corse. Avec le traité de Versailles, en 1768, la France a la garantie de conserver l'île si elle parvient à la conquérir. La campagne dure moins d'un an. Les Français tiennent, dans un premier temps, les seuls présides (places fortes du littoral) et ont pour objectif de défaire et d'anéantir l'État national.

Militairement, la campagne est marquée par deux combats majeurs. Tout d'abord, à la bataille de Borgo, en 1768, Clément Paoli défait les Français, en tue 600 et en capture 600 autres dont le colonel de Ludre, le propre neveu de Choiseul. À la suite de cet échec, un corps expéditionnaire de près de 20 000 hommes débarque à Saint-Florent et est commandé par l'un des plus grands militaires de la monarchie, le comte Noël Jourda de Vaux. Les nationaux sont finalement vaincus à la bataille de Ponte Novu, le 8 mai 1769. Peu après, Pascal Paoli, général en chef de la nation corse, part en exil en Angleterre et la Corse se soumet au roi. Le comte de Vaux obtient le bâton de maréchal.

Deuils et sentiment de culpabilité[modifier | modifier le code]

Louis XV de France, par François-Hubert Drouaisv

Les années 1760 furent marquées par des deuils : en 1752, le roi avait déjà perdu sa fille préférée Henriette. En 1759, mourut son aînée, la duchesse de Parme. En 1761, la mort du duc de Bourgogne, âgé de dix ans, fils aîné du dauphin, enfant précoce et prometteur, fut vivement ressentie. En 1763 mourut à Schönbrunn l'intelligente et romanesque petite-fille du roi, épouse de l'archiduc héritier d'Autriche, Marie-Isabelle de Bourbon-Parme. En avril 1764 mourut sa maîtresse la Marquise de Pompadour. En 1765, le roi perdit successivement son fils, dauphin, dont la vie morale irréprochable l'édifiait et son gendre le duc de Parme. En février 1766, le vieux roi Stanislas mourait presque nonagénaire à Lunéville. L'année suivante, ce fut le tour de la dauphine, veuve inconsolable qui avait contracté la maladie de son mari en le soignant. Enfin, en juin 1768, mourut la reine.

Toujours culpabilisé par sa vie intime, le roi ne vit pas sans tristesse la plus jeune de ses filles entrer en 1770 au Carmel, pensant par là obtenir de Dieu le pardon des fautes de son père. Pour éviter que la sensualité du roi veuf ne le pousse à des excès, le parti dévot soutenu par les filles du roi, et notamment sa fille carmélite, proposa alors de remarier le souverain, à la beauté intacte malgré ses 58 ans, avec l'archiduchesse Marie-Élisabeth d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, mais celle-ci vit sa grande beauté compromise par une attaque de petite vérole et le projet de mariage fit long feu. Entre-temps, le duc de Richelieu, grand seigneur libertin, s'était entremis pour donner à Louis XV une nouvelle maîtresse.

Fin du règne[modifier | modifier le code]

Madame du Barry. Portrait par François-Hubert Drouais (1769).

La fin du règne fut en effet marquée par l'arrivée dans la vie du roi de la superbe comtesse du Barry, officiellement présentée à la cour en 1769. Le ministre Choiseul montra ouvertement son hostilité pour la maîtresse royale et engagea dans son parti la jeune dauphine Marie-Antoinette d'Autriche qui venait d'arriver à la cour. Celle-ci agissait également sous l'influence de « ses tantes », les filles du roi. Pour affermir son pouvoir, le ministre souhaitait donner pour maîtresse au roi sa propre sœur la duchesse de Grammont. Exaspéré par ces querelles de cour et convaincu de l'incapacité de Choiseul à faire face à la fronde du Parlement, Louis XV finit par renvoyer son ministre en 1770 peu après le mariage du dauphin qui scellait l'alliance avec l'Autriche.

Désormais le conseil est dominé par René Nicolas de Maupeou, Chancelier de France depuis 1768, par l'abbé Terray et par le duc d'Aiguillon, nommé ministre des Affaires étrangères en juin 1771. Maupeou s'appliqua à restaurer l'autorité royale et à surmonter la fronde des parlements. Les membres du Parlement s'étant mis en grève, Maupeou fit exiler tous ceux qui refusaient de reprendre le service. Leurs charges furent rachetées. Ils furent remplacés par d'autres magistrats. Maupeou entreprit alors une réforme structurelle fondamentale. La justice, jusqu'alors administrée par des magistrats dont la charge était héréditaire, devint une institution publique, gratuite. Tout en restant inamovibles, et donc indépendants, les magistrats étaient payés par l'État. Le droit de remontrances demeure intact. À plusieurs reprises, en 1766, lors de la séance de la Flagellation, en 1770 et en 1771, le roi avait réaffirmé son attachement à ce droit à condition qu'il ne fût pas un instrument de contre-pouvoir mais qu'il demeurât un devoir de conseil.

Les magistrats du Parlement Maupeou se servirent à plusieurs reprises de ce droit de remontrances, dans un esprit de conseil. L'harmonie institutionnelle était restaurée. Ayant surmonté l'opposition des parlements, Louis XV et l'abbé Terray purent alors apporter des réformes à la fiscalité du royaume, améliorant le rendement du vingtième, et rétablissant ainsi, dès 1772, l'équilibre des recettes et des dépenses.

Mort[modifier | modifier le code]

Le 26 avril 1774, se déclarèrent les symptômes de la petite vérole, alors que Louis XV était au Petit Trianon.

Double louis d'or de Louis XV dit "à la vieille tête" 1771 Lille

Le parlement de Paris envoya, le dimanche 1er mai 1774, Nicolas Félix Van Dievoet dit Vandive, conseiller notaire secrétaire Maison et Couronne de France, greffier au Grand Conseil, pour s'enquérir de la santé du roi, comme nous l'apprend en son journal le libraire parisien Siméon-Prosper Hardy :

« La nouvelle cour du Parlement n'avait pas manqué, suivant l'usage ordinaire, de députer le nommé Vandive, l'un des premiers principaux commis au greffe de la Grand Chambre et de ses notaires secrétaires, pour aller à Versailles savoir des nouvelles de la santé du Roi. Mais ce secrétaire ne pouvoit rendre compte de sa mission à l'inamovible compagnie que le mardi suivant, attendue la vacance accoutumée du lundi 2 mai. »

Les filles survivantes du roi, le comte de Lusace, oncle maternel du dauphin, furent aussi présents lors de l'agonie du roi. Durant la nuit, une bougie fut allumée au balcon de la chambre, puis fut éteinte à la mort du souverain, qui survint le 10 mai 1774, à 15 heures 30, au château de Versailles, des suites de la maladie (septicémie aggravée de complications pulmonaires), ceci dans l'indifférence du peuple et la réjouissance d'une partie de la cour[27]. Variolique, il ne fut pas embaumé : il est le seul roi de France à ne pas avoir reçu cet hommage post-mortem[28]. Il laissa le trône à son petit-fils, le futur Louis XVI.

L'effondrement de la popularité de Louis XV dit pourtant le « Bien-Aimé » était telle que sa mort fut accueillie dans les rues de Paris par des festivités joyeuses, comme l'avait été celle de Louis XIV[29]. Pour éviter les insultes du peuple sur son passage, le cortège funèbre réduit contourna Paris de nuit, par l'ouest, avant d'arriver à la basilique Saint-Denis. Les obsèques eurent lieu le 12 mai dans cette basilique. La décomposition du corps fut si rapide que la partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements[30]) avec des sépultures multiples ne put être réalisée. Si les Parisiens manifestèrent leur indifférence ou leur hostilité, de nombreux témoignages attestent la profonde tristesse des Français de province, qui suivirent en grand nombre au cours de la fin du printemps 1774 les offices organisés dans toutes les villes et gros bourgs de France et de Navarre pour le repos de l'âme du Roi[31].

Dix-neuf ans plus tard, le 16 octobre 1793, durant la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, après avoir ouvert les cercueils de Louis XIII et de Louis XIV (relativement bien conservés) les révolutionnaires ouvrirent celui de Louis XV et découvrirent le cadavre nageant dans une eau abondante (perte d'eau du corps qui avait été en fait enduit de sel marin, le roi dévoré par la petite vérole pendant presque 20 années n'ayant pas été embaumé comme ses prédécesseurs). Le corps tombant rapidement en putréfaction car désormais à l'air libre, les révolutionnaires brûlèrent de la poudre pour purifier l'air qui dégageait une odeur infecte puis jetèrent le corps du Roi, à l'instar des autres, dans une fosse commune sur de la chaux vive[32].

Le 21 janvier 1817, Louis XVIII fit rechercher les restes de ses ancêtres dans les fosses communes (dont Louis XV) pour remettre leurs ossements dans la nécropole des Rois (aucun corps n'a cependant pu être identifié)[33].

Une légende populaire veut que Louis XV se soit exprimé au sujet de sa mort « Après moi le déluge », cette expression prophétique (son successeur Louis XVI étant guillotiné lors de la Révolution française) qui n'apparaît qu'en 1789 est apocryphe et a été également attribuée à Madame de Pompadour en 1757, alors que la favorite cherchait à consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach avec ces mots « Il ne faut point s'affliger : vous tomberiez malade. Après nous le déluge ! »[34].

Ascendance[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

Enfants légitimes[modifier | modifier le code]

La reine Marie et le dauphin Louis, par Alexis Simon Belle.

Marie Leszczyńska donna à Louis XV dix enfants, dont trois moururent en bas-âge :

  1. Louise-Élisabeth (14 août 1727-1759) dite « Madame » (en tant que fille aînée du roi) ou « Madame Première » puis, après son mariage, « Madame Infante » ;
  2. Anne-Henriette (14 août 1727-1752), sœur jumelle de la précédente, dite « Madame Seconde » puis « Madame Henriette » ;
  3. Marie-Louise (28 juillet 1728-19 février 1733) dite « Madame Troisième » puis « Madame Louise » ;
  4. Louis-Ferdinand (4 septembre 1729-20 décembre 1765)), dauphin. Père de Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X ;
  5. Philippe-Louis (30 août 1730-7 avril 1733), duc d'Anjou ;
  6. Marie-Adélaïde (23 mars 1732-27 février 1800) dite « Madame Quatrième », puis « Madame Troisième », « Madame Adélaïde » et enfin « Madame » ;
  7. Victoire-Louise-Marie-Thérèse (11 mai 1733-7 juin 1799), dite « Madame Quatrième » puis « Madame Victoire ») ;
  8. Sophie-Philippe-Élisabeth-Justine (27 juillet 1734-3 mars 1782), dite « Madame Cinquième » puis « Madame Sophie » ;
  9. fausse couche, garcon 1735
  10. Thérèse-Félicité (16 mai 1736-28 septembre 1744), dite « Madame Sixième » puis « Madame Thérèse »  ;
  11. Louise-Marie (15 juillet 1737-23 décembre 1787), dite « Madame Septième » puis « Madame Louise », en religion sœur Marie-Thérèse de Saint-Augustin.
  12. fausse couche, 1738, garcon

Favorites, maîtresses et enfants adultérins[modifier | modifier le code]

Louis XV, comme Louis XIV, eut également un certain nombre d'enfants adultérins de nombreuses maîtresses à partir de 1733. Suite à une nouvelle fausse couche de la reine en 1738, cette dernière, lassée par les maternités répétitives, lui ferma la porte de sa chambre, ce qui facilita l'officialisation de la première favorite royale, la comtesse de Mailly[35]. Ses quatre premières maîtresses furent les quatre sœurs de Nesle, quatre des cinq filles de Louis III de Mailly, marquis de Nesle et de Mailly, prince d'Orange. Tous ses enfants adultérins, autres que Charles de Vintimille, naquirent de jeunes filles non mariées, appelées les « petites maîtresses ». Hanté par les mauvais souvenirs liés aux bâtards de son arrière-grand-père, Louis XV se refusa toujours à les légitimer. Il subvint à leur éducation et s'arrangea pour leur donner une place honorable dans la société, mais ne les rencontra jamais à la cour. Seuls furent légitimés Charles de Vintimille et l'abbé de Bourbon.

Ses maîtresses et favorites furent :

  • Louise Julie de Mailly-Nesle, comtesse de Mailly (1710-1751), épouse en 1726 son cousin Louis-Alexandre, comte de Mailly. Elle devient maîtresse en 1733, favorite en 1738, et est supplantée en 1739 par sa sœur Pauline. Elle rentre en grâce en 1741, mais est renvoyée de la cour en 1742 à la demande de sa sœur Marie-Anne ;
  • Pauline Félicité de Mailly-Nesle, comtesse de Vintimille (1712-1741), maîtresse de Louis XV elle épouse en 1739 Jean-Baptiste, comte de Vintimille (1720-1777). Elle est mère de :
    • Charles de Vintimille (1741-1814) dit le Demi-Louis car il ressemblait beaucoup à Louis XV. Marquis du Luc, Madame de Pompadour tenait tellement pour assuré qu'il était de naissance royale que, souffrant de n'avoir pas d'enfants avec le roi et désireuse de porter des petits-enfants en commun, elle nourrit en 1751 de le marier à sa fille Alexandrine; il épousera (1764) Adélaïde de Castellane (1747-1770), dont postérité ;
  • Diane Adélaïde de Mailly-Nesle, duchesse de Lauraguais (1713-1760) ;
  • Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744).
  • Hortense de Mailly-Nesle, marquise de Flavacourt, fut aussi pendant un temps soupçonnée de liaison intime avec le roi, mais cette hypothèse fut rapidement écartée au profit de ses quatre sœurs.
  • La marquise de Pompadour de son vrai nom Jeanne Antoinette Poisson, (1721-1764), fille d'un financier véreux exilé en 1725. Elle épouse en 1741 Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles et a deux enfants dont Alexandrine Le Normant d'Étiolles (1744-1754) qui est élevée en princesse et anoblie Mlle de Crécy. Elle devient de 1745 à 1751 la maîtresse du roi, et est honorée en 1752 du tabouret et des prérogatives de duchesse. Elle est dame du palais de la reine en 1756, mais doit quitter Versailles quelque temps en 1757 à la suite d'une cabale ;
  • La comtesse du Barry (Jeanne Bécu, 1743 - guillotinée en 1793) : fille naturelle d'Anne Bécu, couturière, et de Jean-Baptiste Gomard de Vaubernier. Après avoir reçu une bonne éducation, elle travaille comme modiste à Paris. Elle devient en 1768 la maîtresse du roi auquel Jean, comte Dubarry (dont elle a été la maîtresse) l'a présentée. Louis XV lui fait épouser la même année Guillaume Dubarry (frère de Jean), puis la présente à la cour en 1769. Elle avait dit un jour devant Louis XV : « La France, ton café fout le camp ! » - car tel était le surnom qu'elle donnait à son valet. Elle se retire de la cour à la mort du roi, puis émigre en Grande-Bretagne en 1792 pour y cacher ses diamants : elle est arrêtée au retour et condamnée à mort pour avoir dissipé les trésors de l'État, conspiré contre la République et porté le deuil de Louis XVI. Avant d'être guillotinée à Paris, elle supplia : « Encore un moment, messieurs les bourreaux. » ;
  • Marie-Louise O'Murphy (1737-1814) dite Mlle de Morphise, fille de Daniel O'Murphy, d'origine irlandaise. Elle épouse : 1°) Jacques Pelet de Beaufranchet en 1755, 2°) François Nicolas Le Normant de Flaghac en 1759, et 3°) Louis-Philippe Dumont en 1798, député du Calvados à la Convention, dont elle divorcera la même année. Elle est la mère de :
    • Agathe Louise de Saint-Antoine de Saint-André (Paris, 20 juin 1754-1774) qui épousera en 1773 René-Jean-Mans de La Tour du Pin, marquis de la Charce (1750-1781).
    • Marguerite Victoire Le Normant de Flaghac[36] (Riom, 5 janvier 1768) qui épousera en 1786 Jean-Didier Mesnard, comte de Chousy (1758-1794), dont postérité, puis en 1794 Constant Le Normant de Tournehem (1767-1814).
  • Françoise de Chalus, duchesse de Narbonne-Lara (1734-1821), duchesse de Narbonne-Lara, fille de Gabriel de Chalus, seigneur de Sansac, elle épousera en 1749 Jean-François, duc de Narbonne-Lara. Elle est la mère de :
    • Philippe, duc de Narbonne-Lara (1750-1834) qui épouse en 1771 Antoinette Françoise Claudine de La Roche-Aymon, et de
    • Louis-Marie, comte de Narbonne-Lara (1755-1813) qui épousera en 1782 Marie Adélaïde de Montholon, dont postérité.
  • Marguerite-Catherine Haynault (1736-1823), fille de Jean-Baptiste Haynault, entrepreneur de tabac. Elle épouse en 1766 Blaise d'Arod, marquis de Montmelas. Elle est la mère de :
    • Agnès-Louise de Montreuil (1760-1837), qui épousera en 1788 Gaspar d'Arod (1747-1815), comte de Montmelas, dont postérité, et de
    • Anne-Louise de La Réale (1763-1831) qui épousera en 1780 le comte de Geslin (1753-1796).
  • Lucie Madeleine d'Estaing (1743-1826), sœur naturelle de l'amiral d'Estaing, elle épousera en 1768 François, comte de Boysseulh. Elle est la mère de :
    • Agnès-Lucie-Auguste (1761-1822) qui épousera en 1777 Charles, vicomte de Boysseulh (1753-1808), et de
    • Aphrodite-Lucie-Auguste (1763-1819) qui épousera en 1784 Louis-Jules, comte de Boysseulh (1758-1792).
  • Anne Couppier de Romans, baronne de Meilly-Coulonge (1737-1808), baronne de Meilly-Coulonge, elle est la fille d'un bourgeois, Jean-Joseph Roman Coppier. Elle entretient une liaison avec le roi de 1760 à 1765, et épousera en 1772 Gabriel Guillaume de Siran, marquis de Cavanac. Elle est la mère de :
    • Louis-Aimé de Bourbon (1762-1787), dit l'abbé de Bourbon le seul enfant bâtard que Louis XV reconnaîtra en 1762[37].
  • Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie (1746-1779) dite Mme de Bonneval. Elle est la mère de :
    • Benoît-Louis Le Duc (1764-1837), abbé.
  • Irène du Buisson de Longpré[38] (décédée en 1767), fille de Jacques du Buisson, seigneur de Longpré, elle épousera en 1747 CharlesFrançois Filleul, conseiller du roi. Elle est la mère de :
    • Julie Filleul (1751-1822), qui épousera 1°) Abel François Poisson en 1767, marquis de Vandières, de Marigny, de Menars, etc., frère de Madame de Pompadour ; 2°) François de La Cropte, marquis de Bourzac en 1783 dont elle divorcera en 1793.
  • Catherine Éléonore Bénard (1740-1769), fille de Pierre Bénard, écuyer de la bouche du roi. Elle épouse en 1768 Joseph Starot de Saint-Germain, fermier général qui sera guillotiné en 1794. Elle est la mère de :
  • Marie Thérèse Françoise Boisselet (1731-1800), qui épouse en 1771 Louis-Claude Cadet de Gassicourt. Elle est la mère de :

Louis XV fut donc le père de quatorze enfants adultérins. La naissance royale n'est certaine que pour 8 enfants (3 garçons et 5 filles). Madame de Pompadour fit toujours des fausses couches, et la seule naissance d'un enfant naturel avérée après la mort de celle-ci, est celle de Marie Victoire Le Normand de Flaghac en 1768. Ajoutons une possible relation avec Françoise de Chalus, dame d'honneur de sa fille, Marie-Adelaïde. De cette union serait né en 1755 le comte Louis-Marie de Narbonne-Lara.

Guerres[modifier | modifier le code]

Trois grandes guerres vont se succéder et ternir l'image du roi et de son règne : la Guerre de Succession de Pologne (1733-1738), la guerre de Succession d'Autriche (1744–1748) et la Guerre de Sept Ans (1756-1763).

Guerre de Succession de Pologne[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Guerre de Succession de Pologne.

À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas Ier, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône. Alors que les querelles des partisans d'Auguste II et ceux de Stanislas divisent le pays, la mort d’Auguste II en 1733, vient déchaîner les passions. Son fils, Auguste III, et Stanislas Ier se disputent le trône. La crise se transforme en guerre de succession.

Guerre de Succession d'Autriche[modifier | modifier le code]

La guerre de Succession d'Autriche (1744–1748, traité d'Aix-la-Chapelle) est un conflit européen né de la Pragmatique Sanction, par laquelle l'empereur Charles VI du Saint-Empire lègue à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche les États héréditaires de la Maison des Habsbourg.

Guerre de Sept Ans[modifier | modifier le code]

La Guerre de Sept Ans opposa principalement la France à la Grande-Bretagne d'une part, l'Autriche à la Prusse d'autre part. Cependant, par le jeu des alliances et des opportunismes, la plupart des pays européens et leurs colonies se sont retrouvés en guerre. Le début de la guerre est généralement daté au 29 août 1756 (attaque de la Saxe par Frédéric II) bien que l'affrontement ait débuté plus tôt dans les colonies d'Amérique du Nord avant de dégénérer en guerre ouverte en Europe. La France en ressort meurtri avec la perte de la quasi-totalité de ses colonies en Amérique.

Titres[modifier | modifier le code]

  • 1710-1712 : S.A.R. Monseigneur le duc d'Anjou
  • 1712-1715 : S.A.R. Monseigneur le Dauphin
  • 1715-1774 : S.M. le Roi de France et de Navarre

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Decaux et André Castelot, Dictionnaire d'histoire de France, Perrin,‎ 1981, p. 604
  2. Louis XV (le Bien Aimé)
  3. François Bluche, Louis XV, p. 16-17.
  4. François Bluche, p. 17-18.
  5. Cité in François Bluche, p. 19.
  6. Paul Del Perugia, Louis XV, Éditions Albatros,‎ 1976, p. 34
  7. Jean-François Solnon, La Cour de France, Fayard,‎ 1987, p. 221
  8. Jean Meyer, Louis XV ou le scepticisme politique, Sicre Editions,‎ 2003, p. 35
  9. François Bluche, Louis XV, p. 21 à 25.
  10. Un document de 1725 dans les Archives Nationales, rédigé probablement à l'attention du duc de Bourbon, fait état de ce « casting royal » : « Des cent Princesses qu'il y a à marier en Europe, en en retranchant 44 qui sont trop âgées pour être mariées à un jeune Prince [Louis XV a 15 ans], 29 qui sont trop jeunes, 10 dont l'alliance ne convient pas, il ne reste donc que 17 Princesses ». Les deux dernières opportunément citées sont Henriette Louise Mlle de Vermandois et Thérèse Alexandrine Mlle de Sens, toutes deux filles de Louis III de Bourbon-Condé. Source : Claude-Alain Sarre, Louise de Condé, Editions Jean-Paul Gisserot,‎ 2005, p. 14.
  11. Michel Antoine, Louis XV, Fayard,‎ 1989, p. 121
  12. Michel Antoine, Louis XV, p. 161
  13. François Bluche, Louis XV, p. 53.
  14. Citations extraites de Michel Antoine, p. 161-162.
  15. Michel Antoine, Louis XV, p. 265.
  16. Michel Antoine, Louis XV.
  17. 51 vaisseaux contre 120 en 1744, à l'ouverture des hostilités.
  18. http://trefaucube.free.fr/index.php?id=169
  19. a et b Jean Favier, Paris, 2000 ans d'histoire, p. 492-496
  20. Mélanges d'histoire de la médecine hébraïque https://books.google.fr/books?id=SVm_Ycxj6p0C&pg=PA265&dq=Cervus+Ullman&hl=fr&sa=X&ei=OCGfVP_8J4X_UuOegbgL&ved=0CCMQ6AEwAA#v=onepage&q=Cervus%20Ullman&f=false
  21. Discours de M.TRIBOUT DE MOREMBERT, Président de l'Académie Nationale de Metz à la séance solennelle du 7 novembre 1974, http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/34239/ANM_1974_5.pdf?sequence=1
  22. http://www.geni.com/people/Dr-Isa%C3%AFe-Oulman/6000000012452881288
  23. Ce quatrain est l'œuvre d'un futur procureur général au Parlement de Toulouse, le bailli de Rességuier, qui fut emprisonné à Pierre-Encise pour l'avoir écrit.
  24. Alain Baraton, Vice et Versailles - Crimes, trahisons et autres empoisonnements au palais du Roi-Soleil, Grasset, 2011, 208 p.
  25. Danielle Gallet, Madame de Pompadour ou le pouvoir féminin, Fayard,‎ 1985, p. 296
  26. Jacques Levron, Louis le Bien-Aimé, Librairie académique Perrin,‎ 1965, p. 332
  27. Voir Catriona Seth, "Le corps des Rois" dans Les Rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole, Paris, Desjonquères, 2008.
  28. Alain Baraton, Vice et Versailles - Crimes, trahisons et autres empoisonnements au palais du Roi-Soleil, Grasset, 2011, page 27.
  29. Alain Decaux, op. cit., p. 605
  30. Bipartition (cœur et corps) ou tripartition (cœur, entrailles et corps).
  31. Simone Bertière, La mort de Louis XV, Perrin,‎ 2014, 20 p.
  32. Le corps de Louis XV
  33. Jean-Marie Le Gall, Le mythe de Saint Denis : entre renaissance et révolution, Champ Vallon,‎ 2007 (lire en ligne), p. 482
  34. (en) Colin Jones, The Great Nation: France from Louis XV to Napoleon, 1715–99, Columbia Univ.,‎ 2002, p. 236
  35. Paul Del Perugia, op. cit., p. 105
  36. Entre 1771 et 1772 le roi Louis XV fit verser la somme importante de 350.000 livres à Marie-Louise O'Murphy, alors que Marguerite Victoire Le Normant de Flaghac à atteint l'âge de 3 ans. Au mariage de Marguerite Victoire avec Jean Didier Mesnard de Chousy, en 1786, le contrat de mariage est signé par l'entière famille royale. Pendant la Restauration Charles X lui fera verser une « indemnité annuelle » de 2000 francs sur sa propre cassette et la fait inscrire sur la liste civile pour une pension viagère de 3000 francs.
  37. Evelyne Lever, Le crépuscule des rois - chronique 1757-1789, Fayard 2013, p. 68
  38. Également mère d'Adélaïde de Souza (1761-1836), grand-mère du duc de Morny.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph Valynseele, Les Enfants naturels de Louis XV : étude critique, biographie, descendance avec de nombreux documents inédits, éditeur : Paris : Centre d’études et de recherches historiques, 1953
  • Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, Fayard, 1972
  • Pierre Gaxotte, Louis XV, Fayard, 1980
  • Bernard Hours, Louis XV et sa cour, PUF, 2002
  • François Bluche, Louis XV, Perrin, 2003
  • Michel Antoine, Le Gouvernement et l'Administration sous Louis XV, P. du Puys, 2004
  • Michel Antoine, Louis XV , Hachette, 2006
  • Aimé Richardt, Louis XV, le mal-aimé, François-Xavier de Guibert, 2006
  • Yves Combeau, Louis XV, l'inconnu bien aimé, Belin, 2012
  • Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Perrin, 2014

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Versailles

Liens externes[modifier | modifier le code]